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Curzon

CurzonLord Curzon et l'Arabie

ø Extrait de l'ouvrage d'Albrecht Wirth, Weltgeschichte der Gegenwart (1879-1924), 5. Umgearbeitete und vermehrte Auflage, Georg Westermann, Braunschweig/Hamburg, 1924.

Lord Curzon s'est présenté en novembre 1903 sur les rives du Golfe Persique. Il a aussitôt déclaré que le Golfe était une mare clausum, une mer intérieure britannique. Telle a été la situation depuis 1842 et il faut, prétendait-il, que cela reste ainsi à l'avenir. Lord Curzon fut le principal héraut d'une politique de puissance. Vice-roi des Indes, époux d'une riche Américaine, il exerçait une influence considérable. Il entendait agrandir l'Empire britannique des Indes dans toutes les directions. Il venait, en novembre 1903, de commencer la campagne militaire au Tibet, dont il était l'inspirateur.

Lord Curzon cultivait l'intention d'englober tout le Sud de l'Iran, de même que la région du Chatt El Arab dans la sphère d'influence anglaise. La "politique d'aller de l'avant", dont Lord Curzon était l'un des représentants les plus zélés, se montrait de plus en plus agressive, surtout depuis qu'avait commencé la Guerre des Boers. Pourtant, cette politique ne manquait pas d'adversaires dans la métropole anglaise elle-même. Notamment, Sir Henry Cotton, principal fonctionnaire de l'Empire britannique dans l'Assam, contestait sans ambages l'invasion du Tibet. L'attaque anglaise, affirmait-il, constituait une monstruosité et une entorse au droit des gens. Les contestations émises par ceux que l'on appelait les "Little Englanders", et dont le nombre diminuait sans cesse, n'avaient plus aucune signification. C'est la politique préconisée par Curzon qui a fini par triompher. À quel moment la Grande-Bretagne avait-elle donc tenu compte du droit des gens ?

En Arabie, l'Angleterre visait trois objectifs : assurer le transit maritime en direction de l'Inde et de l'Extrême-Orient, couper la ligne que comptait établir la politique allemande des chemins de fer devant déboucher au terminus koweïtien, dominer tous les chemins menant à Médine et à La Mecque, sinon mettre la main sur ces deux lieux saints de l'Islam. Ce n'était pas tant le sol de l'Arabie qui suscitait la frénésie acquisitive des Britanniques, mais plus simplement sa valeur stratégique et son importance religieuse. Toutefois, le sol de plusieurs régions de cet ensemble n'était pas dépourvu d'intérêt. Un major anglais décrit le paysage alpin de l'Hadramaout, où les sommets atteignent des hauteurs de 2.500 à 3.000 m, comme une sorte de Suisse méridionale, bien plus vaste que la Confédération Helvétique, au climat sain et, par endroits, très fertile. Sur la côte, toutefois, la vie est insupportable, ajoutait-il. Aden est un four, Djidda (Jedda) est un purgatoire, Mascate est l'enfer. Déjà presque toutes les îles de la Mer Rouge, de même que le petit archipel de Bahreïn, dans le Golfe Persique, étaient tombés sous administration anglaise. Sur le continent, Aden appartenait aux Anglais ; les princes locaux de l'Hadramaout et l'Imam de Mascate se trouvaient sous leur suzeraineté. Ils ont ensuite tenté de s'implanter au Koweït, terminus potentiel des chemins de fer proche-orientaux construits par les Allemands, afin de gêner l'exploitation de ceux-ci. Enfin, ils tenaient entre leurs mains toute la navigation intérieure dans les bras de mer s'enfonçant dans le territoire persan, de même que toute la navigation fluviale sur le Tigre et l'Euphrate. Autre atout important ; la majeure partie de l'Afrique du Nord-Est leur appartenait.

De cette façon, les Britanniques installaient un anneau infranchissable autour de l'Arabie, au Sud, à l'Est et au Nord-Est. Pour fermer l'anneau complètement, il leur fallait encore établir une ligne menaçante partant du Golfe Persique pour aboutir à la Mer Rouge ou à la Méditerranée. Soucieux après avoir entendu évoquer pareils projets, le Sultan conçut le plan de faire tracer une ligne de chemin de fer de Damas à La Mecque. C'est effectivement pour la domination de La Mecque que le combat principal se déclenchera. Le Padicha était considéré comme le chef suprême de tous les croyants. Il estimait essentiel, à ce titre, que La Mecque demeurât en sa possession. Face à cette revendication, les Anglais prétendaient dominer des espaces où vivaient environ 100 millions de Musulmans. Raison pour laquelle l'Angleterre souhaitait prendre La Mecque en sa possession et confisquer ainsi au Sultan turc, tenant du titre de Calife, son fer de lance.

► Albrecht Wirth, Weltgeschichte der Gegenwart, 1924, pp. 237-238. (tr. fr. : RS)

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Baron Robert Gilbert Vansittart14 février 1957 : Décès à Denham dans le Buckinghamshire du Baron Robert Gilbert Vansittart, diplomate britannique artisan du Traité de Versailles, collaborateur de Lord Curzon de 1920 à 1924, sous-secrétaire du Foreign Office britannique de 1930 à 1938. Il deviendra célèbre pour ses positions ultra-germanophobes et son plaidoyer systématique pour le réarmement du Royaume-Uni en vue d’une guerre contre l’Allemagne. Cheville ouvrière du parti belliciste, hostile à la politique d’apaisement de Neville Chamberlain en 1938, au moment de la crise tchécoslovaque, il est relégué dans un poste sans grande importance. Il exercera une influence prépondérante sur Winston Churchill, qui annulera la politique de Chamberlain et optera pour la carte belliciste de Vansittart.

 


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