Un entretien avec Horst Mahler
Dans un entretien accordé au journal national-démocrate Deutsche Stimme en avril 1999, Horst Mahler, l’ancien activiste de la Rote Armee Faktion, devenu avocat à Berlin depuis sa sortie de prison, explicite ses positions. Il nous a paru utile de les reproduire ici en traduction française, car elles nous font découvrir l’évolution inhabituelle et étonnante de cet homme passionné. Notre objectif, ici, n’est pas de prendre parti pour les engagements anciens ou actuels du Dr. Mahler, mais de faire œuvre d’historien, c’est-à-dire de révéler un document témoin important, permettant de juger sereinement sur pièce et non pas de beugler des slogans dictés par la dictature médiatique. Ceux qui les beuglent, et ceux qui, à coup sûr, nous reprocheront, la bouche en cul de poule ou la bave au menton, d’avoir traduit cet entretien, sont de profonds imbéciles. Des débiles mentaux. Que nous méprisons profondément. Leurs logorrhées nous laisseront de marbre. Le document est intéressant car il a été publié avant que le Dr. Mahler ne s’engage avec fracas dans les rangs nationaux-démocrates, au moment où ce parti est menacé de dissolution par le tribunal constitutionnel de la RFA. Notre position dans ce débat est claire : nous ne prenons pas le parti des nationaux-démocrates, nous sommes critiques à l’égard du personnel que cette formation politique recrute dans ses rangs puis exhibe dans les rues, mais nous disons tout aussi clairement que ce n’est pas à un tribunal constitutionnel d’examiner, en vue d’une interdiction, les programmes, écrits et opinions émises au sein d’un parti, de quelque obédience qu’il soit. Cet exercice est d’autant plus vain que ce parti n’attire pas spécialement l’électeur, justement à cause de sa médiocre politique de recrutement. Ici, la vox populi ne se trompe pas : cette politique est effectivement inacceptable.
Le Dr. Mahler, qui aime la provocation, n’agit pas, dans cette affaire, comme un illuminé qui titube d’un extrémisme à l’autre, mais comme un penseur fécond, qui a décidé, depuis plusieurs décennies, de camper une fois pour toute dans l’espace turbulent des marginalités politiques. Il sait donc, sur base de très nombreuses lectures, qu’un système véritablement démocratique doit être fluide et que cette fluidité est garantie par la présence de partis alternatifs bouillonnants au langage fort et cru, expressions d’une certaine effervescence juvénile qui n’est pas toujours vertueusement “démocratique”, tant dans ses formules de “gauche” que dans ses formules de “droite”. La démocratie lato sensu n’est viable que si elle accepte de regarder sans paniquer l’hyper-critique, souvent immature et mal formulée, qui fuse dans ses marges. Les marginalités politiques sont autant d’écoles qui conduisent souvent dans les allées du pouvoir : Martens chahutait avec les cercles étudiants flamingants et réclamait en public des armes pour renverser l’État belge dont il deviendra le premier ministre, Gol a eu un passé de trublion trotskiste avant de devenir un libéral bon teint, Fischer incendiait des voitures de police et mutilait un jeune policier, Madelin militait poings serrés sur le manche de pioche à “Occident”, etc.
Contestation juvénile et blocage des flux sociaux
Dans les colonnes de Nouvelles de Synergies Européennes, le Dr. Claudio Risé, psychanalyste jungien en Italie, rappelait que les ex-extrémistes devenus excellences ou ministres se souviennent tous très bien de leur propre contestation juvénile : ils ne veulent pas que d’autres jeunes la répètent dans les marges d’un pouvoir qui est devenu le leur, après leurs reniements et leurs aggiornamenti. Les ex-contestataires ne veulent pas être contestés, organisent la répression contre les nouveaux contestataires. Tout est là. Mahler se veut le garant de ces effervescences marginales, réservoirs d’innovations futures, écoles non conformistes qui trempent le caractère de ceux qui osent les fréquenter. La vivacité de ces écoles peut, le cas échéant, garantir ultérieurement une réelle redistribution des cartes : Moshé Ostrogovski, un théoricien du système des partis issu des Cadets libéraux-démocrates russes d’avant 1914, avait constaté la nuisance mortelle des partis permanents, qui bloquent les flux sociaux, et prôné l’avènement d’une démocratie vivante faite de partis provisoires, re-formés à chaque élection, chaque fois bien moulés sur les nouvelles réalités sociales qui émergent au jour le jour. L’évolution politique de nos démocraties n’a hélas pas réalisé le vœu de Moshé Ostrogovski.
Les mêmes tares, toujours cooptées
Conséquence : nous souffrons aujourd’hui du pouvoir des abominables canailles véreuses, de la pire vermine politicienne que l’histoire ait jamais vue, d’une vermine qui devient de plus en plus bête et vulgaire au fil des décennies. Une vermine qui ose se parer du titre de “démocrate”. Ces remugles de la modernité affadie et décadente pillent nos patrimoines, nous volent notre “pomme pour la soif”, par le truchement d’une fiscalité délirante. Stipendient des mercenaires odieux dans les médias, dont la mission est de nous ahurir. Nos enfants risquent de voir pire encore : des camés, des malades sexuels, des tordus du ciboulot, des héroïnomanes, des pédophiles, des incultes ahurissants, des patapoufs avinés, des femelles échevelées vont occuper — s’ils n’occupent pas déjà — les strapontins de nos assemblées. Et il n’y aura pas de jeunes dans les marges pour les rappeler à l’ordre. Pour siffler la fin de la récréation. Voilà le triste résultat de plusieurs décennies de pouvoir, tenu par des partis permanents, qui ont coopté de manière ininterrompue les mêmes tares, jusqu’à les exhiber monstrueusement, obscènement.
Moshé Ostrogovski avait raison : seuls des partis “ad hoc” (comme il disait), provisoires et aux programmes bien ciblés, exigeant des réformes concrètes et immédiates précises, pourraient empêcher la rigidification du monde politique. Mahler n’est sans doute pas un disciple d’Ostrogovski. On sait qu’il est un virtuose de l’argumentation hégélienne. Quoi qu’il en soit, son pari et sa défense des marges effervescentes rejoignent une idée commune : pas de ronron, pas de répétition ad nauseam des mêmes mômeries. L’objectif de Mahler est donc de conserver à la démocratie parlementaire ses marges de contestation donc de rénovation. (RS)
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Je ne me suis pas ré-engagé pour des thèmes, mais parce que j’ai la volonté d’œuvrer pour que l’Allemagne reste allemande. Dans les années 60, je me suis également engagé, à l’extrême-gauche, pour réaliser mes volontés. Je voulais que le massacre des Vietnamiens cesse en Indochine. Je ne supportais pas que les informations télévisées énumèrent chaque jour les cadavres qui s’accumulaient là-bas. Comme moi, des centaines de milliers de personnes ressentaient le même dégoût en Allemagne occidentale et à Berlin-Ouest. Les crimes, qui là-bas, en Extrême-Orient étaient perpétrés par l’US Army au nom de la “liberté” et de la “démocratie” contre un jeune peuple courageux, nous ne pouvions pas les juger autrement que les crimes que l’on nous reprochait, à nous Allemands. Raison pour laquelle nous scandions dans les rues “USA-SA-SS” ! Dans les médias, nous étions diabolisés tout comme aujourd’hui on diabolise certains patriotes allemands, qui commencent à organiser la résistance populaire contre l’extinction programmée du peuple allemand, en les traitant de “nazis”, de “racistes” et de “fascistes”. On sait aujourd’hui que notre protestation d’hier était nécessaire et justifiée, parce que dans cette sale guerre du Vietnam, plus de deux millions de pauvres paysans vietnamiens, qui ne voulaient rien d’autre que l’indépendance de leur pays, ont été massacrés. Je serais ennuyé et inquiet si j’apprenais qu’aujourd’hui les “forces de résistance nationales” approuvaient ce génocide.
Dans les années 60, lorsque des millions de travailleurs étrangers ont été attirés dans notre pays, nous avons, surtout dans les rangs du SDS, critiqué cette politique, non pas sous l’aspect de l’aliénation culturelle, mais sous celui de l’économie, en constatant que cette politique d’immigration permettait aux capitalistes de compresser les salaires. Ensuite, nous, les militants du SDS, pensions que les étrangers qui venaient dans notre pays et y acquéraient des qualifications professionnelles particulières, allaient retourner dans leurs patries pour apporter leurs compétences et leurs capacités à leur propre peuple. Pour les personnes ressortissant des pays en voie de développement, nous considérions que c’était de la “désertion”, dans le chef des cadres, de ne pas demeurer fidèles à leur peuple et de rester ici en Allemagne pour mener une vie de confort en tant que médecins, architectes ou ingénieurs.
La problématique de l’aliénation culturelle
[Ci-contre : scène du film Le Mariage de Maria Braun (Fassbinder, 1979), emblématique de la mouvance du Nouveau cinéma allemand]
À l’époque, l’aliénation culturelle, en tant que telle, n’avait pas encore pénétré la conscience des gens. D’abord, ce n’était pas encore clair dans leurs têtes, que la plupart des travailleurs hôtes (Gastarbeiter) allaient rester durablement en Allemagne et pratiquer le regroupement familial voire clanique. Ensuite, nous pouvions imaginer qu’avec le plein emploi et une sécurité sociale au maillage bien serré, la majeure partie des travailleurs hôtes, avec leur famille, s’assimilerait avec succès. Si, à l’époque, la situation avait été telle que nous la connaissons aujourd’hui à Kreuzberg, Wedding, Neukölln ou Schöneberg, et aussi à Francfort, Hambourg ou Kassel, j’aurais, dès ce moment, pris parti pour mes compatriotes, victimes d’une sorte d’expulsion à l’intérieur de leur propre pays. J’aurais réclamé dès cette époque un changement fondamental dans la politique d’immigration, afin que l’Allemagne puisse rester aux Allemands.
Ce n’est pas une question que vous me posez là : vous répétez un on-dit. Je ne peut rien répondre d’intelligent à cette formule à l’emporte-pièce. Comment peut-on me reprocher un “changement”, que l’on pose à priori, sans analyse sérieuse ? Or ne doit-on pas constater que, depuis la victoire du peuple vietnamien sur les États-Unis en 1975, tout a changé ? Les fondements idéologiques des partis étudiants issus du mouvement de 68 — via la banque, ils avaient une orientation communiste — se sont lézardés depuis la fin des années 70. Ces partis se sont dissous. Après cela, qu’est ce qui est encore à “gauche” ou à “droite” ? Pendant les années 80, nous avons assisté à la révolution islamiste de Khomeini en Iran. Depuis cet événement important, nous sommes confrontés à un défi à la fois religieux et politique. De même, dans les années 80, les États-Unis ont imposé dans le monde entier un libéralisme agressif (le globalisme). À la fin de 1989, la division de l’Allemagne prend fin. Au début des années 90, l’Union Soviétique s’est effondrée. À la même époque, la poudrière ethnique de l’ex-Yougoslavie explose. La guerre revient en Europe. Vers le milieu des années 90, les États-Unis s’établissent comme unique hyper-puissance, comme on le voit clairement dans la guerre qu’ils continuent à mener contre l’Irak. Washington proclame unilatéralement l’avènement d’un “nouvel ordre mondial”, sous lequel toutes les régions du monde ne seront plus que des prés à paître pour le capital spéculatif nomadisant. Depuis 1997, une crise économique mondiale se dessine à l’horizon.
J'ai eu de bons professeurs d’histoire…
Face à cette multitude de défis nouveaux, une chose me préoccupe intensément, depuis la fin des années 70 : l’état intellectuel/spirituel contradictoire de notre peuple. Car savoir si notre peuple survivra physiquement et moralement dans cette situation, dépend de sa constitution intellectuelle/spirituelle et nullement de sa puissance économique. Hegel nous disait déjà : « Le peuple qui a une mauvaise notion de Dieu, a également un mauvais État, un mauvais gouvernement et de mauvaises lois ». Quant à Ernst Nolte, il nous a rappelé que notre peuple, comme aucun autre, a été le terrain anthropologique, au plan physique comme au plan spirituel, où se sont déroulées sans médiation la “guerre civile européenne” puis la “guerre civile internationale”. Ma longue réflexion sur ces questions a bien sûr donné des résultats. Dans ce travail de réflexion, je me suis efforcé d’éviter une erreur : celle qui consiste à rabaisser les batailles spirituelles dans la lutte pour la connaissance de la vérité à ce lamentable niveau actuel, où l’on distribue des “culpabilités”.
J’ai la chance d’avoir encore eu des professeurs d’histoire de la vieille école, qui m’ont initié aux fondements de notre histoire. Ils m’ont appris que les personnalités historiques étaient souvent aussi de grands “criminels”. Ils m’ont également enseigné que c’était une attitude de singe de vouloir à tout prix considérer l’histoire comme une agence de moralité, mais cet enseignement, je ne l’ai compris que fort tard, pendant que j’étais en prison et que je lisais Hegel. La mode contemporaine qui consiste à traduire les personnalités qui ont agi dans l’histoire devant des tribunaux composés de conseillers consistoriaux impotents, je la considère aujourd’hui comme un symptôme patent de ce déclin intellectuel, observable en tous domaines.
À ce niveau, j’ai vécu effectivement une rupture : j’avais connu mon processus de politisation par l’effet d’une révolte d’ordre moral. Je m’étais violemment révolté en apprenant à l’école ce qui s’était passé entre 1933 et 1945. Le désir brûlant de m’éloigner autant que possible de cet abominable “héritage allemand” avait fait de moi un moraliste. Et, en tant que moraliste, j’ai commis à mon tour des crimes. Par ma lecture de Hegel, j’ai compris alors que « mon cœur avait battu pour le bien de l’humanité mais avait basculé dans la turbulence désordonnée de ma propre suffisance/présomption ». Cette leçon de Hegel m’a beaucoup aidé. Mais, peut-on dire de ce passage qu’il est celui d’un Saül gauchiste à un (Saint)-Paul de droite ?
Il est très curieux que le mouvement de 68 est perçu aujourd’hui comme quelque chose d’unidimensionnel. On ne retient de ce mouvement que ce qui en est “resté”. En effet, sur le plan de la potentialité historique, ce mouvement a contribué à la révolution atomiste (Nietzsche). L’auto-perception de l’homme s’est réduite à sa seule individualité. On a “oublié” la communauté qui dépasse l’individualité et la compénètre entièrement. Pour ceux qui s’alignent sur cette philosophie de l’homme, il n’existe que des individus. Et, en tant que tel, tous sont égaux. Les notions de peuple et de nation ne sont que des “images illusoires”. L’être humain qui se perçoit comme tel est mûr pour la globalisation. Il marine dans un chaudron d’enfer.
Kommune I et École de Francfort
Le mouvement a fait irruption sur la scène politique en voulant extirper les soi-disant racines du fascisme (et du capitalisme) ; par cette volonté, il a provoqué l’avènement de ces atomes sociaux, qui sont jetés aujourd’hui en pâture, désarmés et sans protection, au Moloch Argent, qui croît démesurément. Mais si l’on a de 68 que cette seule vision, on n’arraisonne qu’une partie du mouvement, issue de la “Kommune I” et de l’École de Francfort. Une autre partie est, elle, issue de l’arsenal intellectuel du marxisme-léninisme qui, dans sa phase de déclin, a produit les différents partis étudiants et la RAF. Ses protagonistes voulaient “servir le peuple”. Pour eux, la collectivité était tout et l’individu, rien. De ce fait, ils étaient plus proches de la notion de Volksgemeinschaft que les individualistes qui tendent toujours vers le cosmopolitisme, qui est en vérité notre globalisme actuel, c’est-à-dire le despotisme des spéculateurs.
J’ai toujours cultivé les modes de pensée du marxisme-léninisme, y compris lorsque j’étais dans la RAF. La réalité accordée à la collectivité, dans cette optique, est proche de la notion de Volksgemeinschaft et éloignée de l’individualisme exacerbé. Dépasser le côté unilatéral de ce collectivisme est une chose aisée. Il faut se mettre en tête que l’homme, en tant qu’être spirituel, est libre. En tant qu’être doté d’esprit, il a des droits infinis du fait de son unicité. Il est une personne, c’est-à-dire qu’à travers lui résonne (personare signifie en latin “résonner à travers”) une essence supérieure. Dans son existence en tant que personne, il est pour ainsi dire une possibilité que se donne Dieu, il est une modalité unique parmi d’innombrables modalités d’existence de Dieu ; à ce titre, il n’est jamais interchangeable donc d’une valeur inestimable. Il est par conséquent libre, parce qu’en tant qu’esprit il ne dépend que de son essence supérieur, c’est-à-dire de lui-même. En l’homme, Dieu contemple la plénitude de ses possibles et se saisit de lui-même et à lui-même en tant qu’esprit absolu. Cette idée exclut dès lors le principe qui veut que l’individu ne soit rien et la collectivité, tout. Si l’on observe [la réalité historique] avec davantage d’attention, on reconnaîtra que le national-socialisme est une variante du collectivisme.
Du sacrifice volontaire de l’individu pour la communauté
En cela, il ressemblait au communisme. Pour moi, la Volksgemeinschaft est un tout réel, spirituellement structuré en soi, dans laquelle chaque partie est simultanément le tout. De cette façon, la partie se justifie tout autant que le tout. L’individu se sacrifie volontairement pour le tout, pour autant — comme dans le cas d’une guerre — que son sacrifice conditionne la vie du tout. Car il serait déraisonnable de refuser ce sacrifice (car on suit alors les pulsions d’auto-conservation), si, par ce refus, le tout viendrait à mourir. Dans ce cas, évidemment, toutes les parties du tout mourraient également. L’idée de personne dans le national-socialisme a certes été conservée, mais n’a pas été pour autant reconnue, et, par conséquent, n’a pas été réalisée ; car n’est réalisé que ce qui est aussi reconnu. Je viens donc de vous expliquer ce qui me distingue aujourd’hui des soixante-huitards, d’une part, et des nationaux-socialistes, d’autre part.
On ne peut pas en bout de course “déshabituer” un peuple de ressentir un sens de la communauté, pour autant qu’il me paraît. L’aspiration à appartenir à une communauté est aussi élémentaire que le besoin de respirer de l’oxygène.
De la culpabilité allemande…
Ce qui s’est passé est tout différent : par l’entretien de complexes de culpabilité, le sens de la communauté populaire chez les Allemands a subi une forte discrimination. Mais cette discrimination ne suffit pas à éradiquer le sens communautaire. De même, la discrimination des pulsions érotiques, qui était jadis à l’ordre du jour, n’a pas déshabituer les humains à ressentir des pulsions érotiques, mais, au contraire, à plonger les âmes dans diverses pathologies ; ainsi, le mépris systématique du besoin de communauté populaire conduit à détraquer l’âme et le psychisme ; chez nous, cette maladie de l’âme prend les formes d’un cynisme de facture cosmopolite et d’une haine de soi et de sa nation. Quand cet état de choses deviendra conscient et quand la théorie de la culpabilité collective du peuple allemand sera perçue et dénoncée comme une illusion destructrice, les Allemands se redresseront et se reprendront en mains. Nous assisterons alors à la fin du travail de sape entrepris par l’idéologie multiculturelle. La force de s’auto-guérir se trouve dans le fors intérieur de chacun d’entre nous.
Du piège de la globalisation
Ensuite, il faudra visibiliser l’ennemi, qui est encore invisible. L’ennemi actuel du peuple allemand — comme de tous les peuples du monde — est la pieuvre que constitue ce réseau anonyme du capital spéculatif international, dont les bases se trouvent sur la côté orientale des États-Unis et qui contrôle le monde à partir de ce lieu géographique. Ceux qui veulent savoir clairement ce qu’est cette pieuvre, doivent lire deux livres, celui de Hans-Peter Martin et de Harald Schumann, intitulé Le piège de la globalisation [Actes Sud, 1997, recension], et celui de Georges Sörös, La crise du capitalisme global [Plon, 1998]. Ce sont des lectures impératives et obligatoires pour tout patriote. La pieuvre domine aussi les mass-media à l’échelle internationale. Les médias [de masse] sont des armées d’occupation parfaitement camouflées. Ils doivent dès lors être combattus en tant que tels. Notre arme dans ce combat, c’est notamment internet.
Le peuple allemand devrait prendre connaissance de l’appel lancé par le ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, et du Président Chirac, et comprendre que « les peuples du monde se trouvent en état de confrontation avec les États-Unis » (Védrine), et doivent s’unir dans le but d’opposer une “souveraineté collective” à l’hyperpuissance américaine. Je suis sûr qu’un jour la page sera tournée, je suis sûr que l’Allemagne redeviendra une nation consciente d’elle-même. Cette certitude repose sur l’observation que la pieuvre dispose certes d’une grande quantité de missiles et de bombes atomiques, qu’elle en comprend le fonctionnement, mais qu’elle ne sait rien de Dieu, donc rien des hommes et rien des peuples. Toute ce que la pieuvre entreprend aujourd’hui, finira par se retourner contre elle. L’énergie cinétique générée par ses propres mouvements finira par l’envoyer au tapis.
• Vous souhaitez rappeler vos anciens compagnons de combat de la gauche et les mobiliser dans votre mouvement national allemand. Mais la gauche politique est tout de même entièrement marquée par son attitude anti-nationaliste ; de plus, elle est politiquement non fiable. Voyez les attitudes qu’elle a prises lors de l’attaque de l’OTAN contre la Yougoslavie et dans la question de la double nationalité pour les étrangers. Comment peut-on coopérer avec elle dans de telles conditions ?
Mener la politique de la libération nationale ne peut se faire dans les eaux stagnantes d’un étang marécageux. Elle prendra forme dans les flots montants de ce fleuve sorti de son lit à cause de l’orage : lorsque survient une guerre ou une crise économique, le chaos créateur survient lui aussi ; ce ne seront ni la gauche ni la droite qui l’auront provoqué, mais la pieuvre, qui en sera seule responsable et qu’il faudra dès lors jeter bas.
Trois gigantesques bulles de savon
Nous voyons poindre les débuts d’une telle évolution. Le 24 mars 1999, quand les États-Unis et leurs vassaux de l’OTAN ont déclenché leur guerre d’agression contre la Serbie, c’est une guerre européenne qui a commencé, et elle a déjà considérablement modifié le paysage politique. L’économie globale ne garde la tête au-dessus de l’eau que grâce à trois gigantesques bulles de savon :
Aucune de ces trois bulles ne se rétrécira pacifiquement. Mais si l’une d’elles en vient à éclater, les autres éclateront aussi. Et elles éclateront. En cela, même les fauteurs de cette économie-escroquerie en sont conscient in petto. Chaque journée en bourse pourrait théoriquement provoquer tout de suite le crépuscule des dieux du globalisme. Le résultat sera une dépression profonde de longue durée. Même dans les pays industriels riches, il faudra lutter pour la simple survie. Pour chasser le spectre de la famine, l’État allemand devra forcément se souvenir des recettes de l’économie de guerre : il devra produire un argent de nécessité, qui sera à nouveau une monnaie nationale mise en circulation. Il devra distribuer des cartes de rationnement pour les produits alimentaires, afin de garantir la distribution de biens de première nécessité à des prix acceptables. Il devra reprendre des entreprises tombées en faillite pour conserver les moyens de production et les maintenir entre les mains de l’État. Il devra réintroduire le service du travail et mobiliser les citoyens allemands pour une reconstruction nationale et pour faire éclore une économie nationale qui s’assignera pour objectif le bien de la communauté populaire. Le même scénario se répétera chez nos voisins. On ne parlera plus d’Union Européenne. Où seront alors la gauche politique et la droite politique ? Elles devront toutes deux se trouver aux côtés des Allemands qui, comme en 1945, devront se reprendre en mains et ne pas baisser les bras. Où cette droite et cette gauche cesseront d’exister…
Votre observation est juste. Mais la paix que beaucoup de soixante-huitards ont signée avec le globalisme est fragile. Le capitalisme cependant se critique lui-même aujourd’hui par les phénomènes qu’il provoque. Je dirais même que les principaux porte-paroles de cet anti-capitalisme ambiant en Allemagne sont l’ancien chancelier fédéral Helmut Schmidt et la journaliste libérale de gauche, la Comtesse Marion von Dönhoff. Et leur critique est suffisante. Et, de fait, la gauche ne semble pas encore avoir pris conscience qu’aujourd’hui la NPD aussi critique de manière sérieuse et bien étayée le globalisme en tant que forme d’économie et de vie.
Quand sonnera l’heure du besoin et de la nécessité, l’appartenance au peuple allemand, par l’origine familiale, la langue et la culture, primera; ce sera une communauté solidaire et un espace de protection contre les influences extérieures, y compris pour les militants de gauche. Elle (re)deviendra très vite une réalité vivante. Le blabla inconsistant qui ne cesse de poser des questions sans raison, comme chercher à savoir si la nation est encore une réalité adaptée à notre temps ou non, sera balayé. L’influence délétère des cénacles de la côte orientale des États-Unis ne pourra plus s’exercer. Car le dollar ne vaudra plus rien et ne donnera dès lors plus de la puissance. Le “grand effort national”, que l’ancien chancelier Helmut Schmidt a réclamé récemment, sera compénétré d’un savoir de nature théologique : il opposera à la déliquescence actuelle, un meilleur concept de Dieu, et, derechef, sera animé par une meilleure conception de l’État, qui générera une meilleure forme de gouvernement et de meilleures lois.
Connaître les erreurs de Hitler
Je pense qu’il deviendra tout à fait évident, alors, que la droite nationale n’a pas l’intention de répéter les erreurs d’Adolf Hitler, mais, au contraire, tirera profit d’une bonne connaissance de ces erreurs. Dans ce cas, les craintes de la gauche, d’entretenir un contact quelconque avec cette droite, s’évanouiront dans le néant. De même, disparaîtront les affects anti-gauche de la droite nationale.
• Avec votre mouvement de citoyens, vous souhaitez également vous ouvrir au camp bourgeois et conservateur. D’après vos propres paroles, tous pourront participer à votre mouvement Unser Land, d’Edmund Stoiber jusqu’aux hommes de la NPD! Comment allez-vous faire pour réconcilier les parties, si, par exemple, un homme politique de l’union démocrate-chrétienne rejette le double passeport (la double nationalité), tout en se faisant l’avocat de l’intégration des étrangers, alors que la NPD rejette l’une et l’autre ?
Bien évidemment, Stoiber et les hommes de la NPD sont libres de décider si, pour le salut de l’Allemagne, ils veulent coopérer ou non avec nous. Nous ne voulons contraindre personne. Mais nous ne rejetterons aucun citoyen, qui entend s’opposer à l’aliénation du pays. C’est cela que j’ai voulu dire. Et rien de plus.
• Vous passez pour un critique véhément du système des partis dans la République fédérale allemande. Comment entendez-vous procéder pour modifier le paysage politique ?
Plus rien ne va. L’État partitocratique arrive au bout de son rouleau. Mais je m’empresse d’ajouter qu’il n’a au fond jamais été ce qu’il a prétendu être. En Allemagne, ce type d’État a été imposé par les vainqueurs en 1919 et en 1945, mais il reste, pour nous, essentiellement, un ordre politique étranger. Au lieu de la liberté, ce type d’État nous a apporté la dictature des intérêts particuliers, articulés contre le bien commun. Les conséquences pratiques sont, notamment, l’anéantissement de l’épargne populaire, qui est désormais un fait, au vu de la dette de l’État. Un citoyen, qui emprunte auprès de sa banque, tout en sachant qu’il ne pourra jamais rembourser, sera puni pour escroquerie. Un ministre des finances, qui emprunte de l’argent pour l’État, reçoit, quand il se retire des affaires et quitte son cabinet, une décoration et une pension, même s’il a toujours su que l’État ne rembourserait jamais le crédit. Avec un pareil système, les problèmes existentiels de notre peuple ne peuvent être résolus. À coup sûr, Helmut Schmidt avait raison quand il constatait que, si les partis abordaient le problème de l’immigration, nous aurions un nouveau gouvernement tous les deux ans et que nous pouvions dire adieu à la stabilité. Mais Schmidt voyait aussi que toute stabilité était illusoire, si les partis n’abordaient pas ce problème. Donc, dépasser ce système est une question de survie pour le peuple allemand.
Des modes de manifestation de Dieu
Toute une série de propositions peuvent être lancées dans la discussion pour aboutir à une constitution allemande stable, garantissant la liberté. Mais le premier principe, le principe cardinal, doit être le suivant : dans le maintien de la séparation de l’État et de l’Église, l’État doit renoncer à sa neutralité en matière de vision-du-monde (Weltanschauung), laquelle est en réalité une prise de position en faveur du nihilisme. Le concept de Dieu, imbriqué dans le message chrétien, a atteint la clarté conceptuelle dans la philosophie idéaliste allemande. D’après celle-ci, Dieu est infini, n’est donc pas limité par les hommes. Ainsi, l’homme est de nature divine. La nation, l’État, le peuple sont dès lors des modes de manifestation de Dieu. Les hommes qui se conçoivent de cette façon et qui sont animés par l’idée qu’ils incarnent la puissance absolue et que l’existence même de Dieu se manifeste dans l’État, appartiennent, par cette idée, à un ordre supérieur, comme le pensaient tous les États jusqu’ici.
L’État doit lutter contre les ferments du nihilisme
L’État est, en théorie, le gardien de la foi en Dieu. Le dépassement du nihilisme est un des devoirs d’éducation de l’État. Comme l’affirmation de l’Aufklärung, “il n’y a pas de Dieu, pas d’Être supérieur”, est tout aussi indémontrable que l’affirmation contraire, “il existe un Être supérieur, qui est Dieu”, doit être inculqué dès l’école. Il ne sera dès lors plus possible de rejeter la question du divin de sciences sociales et humaines, par le biais d’une discrimination intellectuelle. Toute théorie en ces domaines doit dire clairement quel est son point de départ, c’est-à-dire quelle est la décision religieuse qui la motive. Donc de dire si elle considère ou non que le nihilisme est vérité, ou si elle accepte l’idée d’un esprit absolu, tel que le concevait l’idéalisme allemand. Uniquement quand ce stade sera atteint, l’infiltration nihiliste de notre peuple, par des théories pseudo-scientifiques, connaîtra une fin. Les yeux de nos gens se dessilleront et ils percevront le “vision scientifique du monde” comme un esclavage de l’esprit et secoueront son joug.
Dans ses grandes lignes, le modèle constitutionnel que je propose est le suivant : La véritable liberté politique commence par des assemblées légiférantes, qui, sans le concours de partis, dans une procédure élective libre de toute influence des intérêts des puissantes et des groupes, se constituent en incluant tous les Allemands, y compris dans les structures régionales (patries charnelles), dans lesquelles les citoyens se sentent intégrés. Les législateurs ne sont responsables que devant leur conscience et sont élus pour quinze ans. Tous les cinq ans, un tiers de ces législateurs quittent leur fonction et on élit un nouveau tiers. Par cette procédure, les mutations à l’œuvre au sein du peuple sont prises en compte et les réflexions des législateurs se poursuivent à un rythme axé sur le concret. Les intérêts, qui corrompent le fonctionnement objectif du politique, et qui s’expriment notamment dans le désir de se faire réélire, cessent d’exercer leurs ravages. Le concept de ³loi² doit être conçu de manière entièrement nouvelle. L’objet des lois doit être les principes généraux du comportement des citoyens et les règles à adopter dans le comportement des uns à l’égard des autres, de même que le rapport que doit entretenir l’État avec ses citoyens. Enfin, les législateurs déterminent le cadre, dans lequel l’action de l’État en tant que gouvernement peut s’accomplir. Les directives pour l’action du gouvernement sont déduites des lois.
De l’élection du “Conseil Impérial”
Lors d’un scrutin premier, le peuple allemand élit, sur une liste proposée et établie selon une procédure bien définie, un “Conseil Impérial” (Reichsrat), en tant qu’organe supérieur de l’Empire (Reich), composé de sept membres. Cet organe supérieur désigne dans ses rangs un monarque, qui le restera pendant toute sa vie (jusqu’à la limite d’âge), qui ne pourra être révoqué que par une majorité qualifiée de législateurs. Le monarque nomme et révoque le chancelier, qui, lui, nomme et révoque les ministres. Le chancelier gouverne par décrets, qui doivent néanmoins être contresignés par une commission de l’assemblée législative. Le gouvernement reçoit les conseils d’une assemblée, qui, en même temps, le contrôle. Cette assemblée procède d’élections générales. Les partis politiques, les associations, les initiatives de citoyens, etc., peuvent présenter des listes pour les élections. L’assemblée consultative peut décider de directives à transmettre au gouvernement, qui, si elles sont acceptées par la commission des législateurs, doivent être présentées comme décrets par le chancelier. Si ce dernier n’est pas d’accord et refuse une directive, il peut demander au Reichsrat la dissolution de l’assemblée consultative et ainsi décider de nouvelles élections.
Pour de nouvelles “tables rondes” populaires
Sous le contrôle des puissances occidentales victorieuses, le conseil parlementaire a décidé d’une constitution (d’une loi fondamentale) pour la République Fédérale d’Allemagne ; dans son article 146, il est prévu que cette constitution perdrait sa validité, le jour où le peuple allemand, en toute autonomie, décide de se donner une constitution et de la faire entrer en vigueur. Ainsi, la voie vers une solution pacifique, non révolutionnaire, a été imaginée à l’avance. Nos compatriotes de la RDA, qui a cessé d’exister, ont démontré, lors des manifestations qu’ils organisaient tous les lundis et lors des ³tables rondes² qui les ont précédées, qu’il y avait un modèle pour le renversement pacifique. Leur action a eu des résultats. Aujourd’hui, le rôle de “tables rondes” similaires serait d’appeler les partis représentés dans le Bundestag à concrétiser cet article 146 de la Loi fondamentale, et de constituer dans la foulée l’assemblée nationale constituante.
Si des conflits violents opposaient les Allemands entre eux ou les Allemands aux étrangers résidant dans notre pays, ils pourraient réduire à néant ce projet de rétablissement d’un État national allemand souverain. Ces réflexions m’amènent à dire que notre devoir impérieux est de dépasser les “images de l’ennemi” (Feindbilder) que nous avons laissé s’imbriquer en nos fors intérieurs, d’isoler les provocateurs et de leur ôter toutes possibilités d’action.
► Nouvelles de Synergies Européennes n°48, 2000.
pièce-jointe :
Introduction
Fin mars 2000, l’auditoire qui s’était rendu à Karlsruhe à l’invitation de la structure locale des Nationalistes indépendants (organisation dans laquelle militent les membres allemands du Front Européen de Libération) put entendre un orateur peu ordinaire : Horst Mahler, ex-leader d’extrême-gauche, très sollicité aujourd’hui par les milieux nationalistes et conservateurs. Son itinéraire politique est pour le moins inattendu. Ce Silésien issu d’une famille nationale-socialiste s’intéresse très tôt à la politique. Son itinéraire le mène des Jeunes Socialistes à la principale organisation d’extrême-gauche allemande des années soixante, le SDS (Sozialistischer Deutscher Studententenbund : Fédération Allemande des Étudiants Socialistes). En 1968, il est l’un des principaux porte-parole de la révolte étudiante. Son cœur est résolument à gauche, et par la virulence de ses propos, il incarne rapidement aux yeux de la droite conservatrice l’image du grand Satan. Son engagement comme avocat aux côtés des terroristes d’extrême-gauche de la Bande à Baader prend des formes telles qu’il sera condamné à dix ans de prison. Or depuis 1998, Mahler exprime des thèses qui embarrassent nombre de ses anciens amis et lui valent pour le coup les applaudissements de l’opposition nationale. Son interprétation de la révolte de 1968 en particulier déconcerte. Il voit en elle une « deuxième révolution allemande contre la domination mondiale du capitalisme ». Plus encore, toujours d’après Horst Mahler, elle aurait donné naissance à deux ailes nationales-révolutionnaires : la Nouvelle Gauche et la Nouvelle Droite. Pas étonnant donc que ses propos choquent certains vieux militants de l’extrême-gauche. Johannes Agnoli — qui participa activement au fameux congrès de février 1968 sur le Vietnam à Berlin, où sur le podium, il était encadré de Peter Weiss et d’Erich Fried — n’a guère ressenti ce souffle national-révolutionnaire. « Rien d’étonnant — dit-il — à cela : deux juifs et un Italien se soucient de rien moins que de la nation allemande ». Rétrospectivement, Till Meyer et Michael “Bommi” Baumann se souviennent qu’on raisonnait alors en terme de classes, et non de races. On n’avait que mépris alors pour tout ce qui avait trait à la “germanité”.
Pourtant, certains compagnons de route d’Horst Mahler partagent sa propre analyse. Ainsi Bernd Rabehl, qui fut très proche de Rudi Dutschke, Günter Maschke, qui était alors à la tête du mouvement étudiant viennois, ou Reinhold Oberlercher, théoricien du SDS à Hambourg. Les thèses de Mahler ne s’invalident donc pas d’un trait de plume.
C’est un homme serein, cultivé, lucide et humainement fort sympathique que les deux cents militants venus assister à la réunion de Karlsruhe eurent devant eux. Horst Mahler exposa son itinéraire politique avec beaucoup de franchise, relevant tour à tour les points forts et les erreurs de son parcours. Il ne fit pas mystère qu’il était résolu, comme il l’avait toujours fait, de proclamer haut et fort ses engagements et fut en cela chaudement applaudi. De fait, sa pensée est politiquement fort incorrecte. Horst Mahler s’élève contre l’envahissement de l’Allemagne et de l’Europe, auquel il oppose la notion de « communauté de peuple » (Volksgemeinschaft), et appelle à la lutte contre un capitalisme dénué de sens et ennemi de l’espèce humaine, que seuls des États nationaux forts peuvent mettre en échec. Sous les applaudissements de l’assistance, il se reconnut dans le peuple des poètes et des penseurs et rejeta toute notion de culpabilité collective. En marge de la réunion, Mahler exprima clairement son opposition à toute résistance qui s’inscrirait dans le cadre d’un parti, et en appela à la constitution d’un large front contre la double nationalité.
À la fin de la réunion, qu’aucun fonctionnaire de police zélé ne vint troubler, Horst Mahler avait convaincu et gagné le cœur des assistants. (Kai-Uwe Zwetschke)
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• Monsieur Mahler, dans les années 70, vous étiez considéré comme un militant d’extrême-gauche particulièrement radical. Aujourd’hui, certains de vos anciens compagnons de route parlent de trahison. Qui a changé, vous ou les autres ?
Je peux difficilement en juger. Les qualificatifs de droite et de gauche s’apprécient différemment selon l’endroit d’où on se place. Pour moi, je préfère dire ce que je pense et ce que je veux, et je laisse bien volontiers à d’autres le soin de coller des étiquettes.
• Vous voyez dans la révolte étudiante de 1968 une impulsion nationale-révolutionnaire. Pourriez-vous nous expliquer sur quoi vous fondez cette analyse ?
Ces thèses ont été développées lors de conférences prononcée par Bernd Rabehl à Munich et Bogenhausen. Il a souligné qu’au sein même du mouvement 1968, les opinions sur ces questions divergeaient considérablement. Rudi Dutschke et Bernd Rabehl affichaient clairement une préoccupation nationale. Ils appelaient d’ailleurs à un combat de libération. À mon sens, le nationalisme défendu par le mouvement de 1968 était sain en ce qu’il défendait le droit à l’autodétermination, en l’espèce le droit du peuple vietnamien à disposer de lui-même. Nous avons combattu la politique américaine de génocide et le soutien ouest-allemand à cette politique. Pour moi, il est clair que si nous avons tenu à résister à une politique qui a tout de même entraîné la mort de deux millions de paysans vietnamiens qui ne demandaient pas autre chose que la liberté de décider de ce qui était bien pour eux, c’est qu’en tant qu’Allemands et compte tenu de l’histoire de notre pays, nous voulions que l’Allemagne œuvre pour la justice.
• Ne pourrait-on pas voir dans cette prise de position en faveur du peuple vietnamien un nationalisme de substitution ?
Je ne le pense pas. À l’époque, le front était là. Nous avons pris position dans ce que nous considérions être une guerre civile mondiale, nous sommes montés au créneau, dans notre propre pays, pour crier notre opposition à l’ennemi numéro un de l’humanité : l’impérialisme américain.
• La sœur de Rudi Dutschke pense que son défunt frère se retournerait dans sa tombe s’il vous entendait. Qu’en pensez-vous ?
J’en conclus qu’elle connaissait fort mal son frère. En tant qu’homme politique, j’entends. Pour ma part, j’affirme que si Rudi était encore parmi nous, il dirait ce que je dis.
• Vous avez été condamné à une lourde peine de prison pour avoir apporté votre soutien à un groupe terroriste d’extrême-gauche. Aujourd’hui, que pensez-vous de la violence politique ?
J’ai exposé à diverses reprises quelle fut notre expérience en ce domaine. Cette forme de lutte a eu l’effet inverse de celui que nous escomptions. Au lieu de susciter une prise de conscience populaire, elle a entraîné la corruption du groupe qui l’avait engagée. Ce constat fut pour moi déterminant. Nous nous sommes éloignés des gens jusqu’à la misanthropie. Nous n’incarnions pas la liberté, la justice et la solidarité, qui étaient les objectifs de notre lutte, nous étions devenus peu ou prou une bande d’assassins politiquement connotée. Les membres mêmes du groupe étaient menacés par cette évolution. Un militant jugé non fiable devait être exécuté, bien qu’il n’ait commis aucun acte de trahison. Un groupe qui en arrive à ce type de comportement ne peut mettre au jour une société meilleure.
• Qu’en est-il à l’inverse aujourd’hui de la violence de l’État vis-à-vis des groupes d’opposition radicale ?
Si j’en juge d’après les cas de persécution gouvernementale dont j’ai connaissance, l’État allemand est en passe de saper les fondements même de la démocratie en criminalisant avec toutes les armes dont il dispose la simple expression d’idées et l’association de personnes.
• Vous avez expliqué qu’à vos yeux, les partisans de la résistance nationale actuellement incarcérés étaient des martyrs du renouveau allemand, et ce propos vous a été vivement reproché. Pourriez-vous l’expliciter pour nos lecteurs ?
Pour moi, le martyr est celui qui lutte pour ses idées et accepte en leur nom tous les désagréments. En ce sens, ceux qui sont condamnés pour avoir exprimé une opinion considérée comme délictueuse sont des martyrs, ce qualificatif ne s’appliquant évidemment pas à des personnes dont les seuls arguments sont une batte de base-ball. Je pars du principe qu’ils ont de l’Allemagne une vision positive et se proposent de lutter pour sa renaissance. S’ils sont emprisonnés pour ce motif, alors oui, ils sont des martyrs de la cause nationale. Cela ne veut pas dire que je partage leur optique quant aux moyens et aux voies choisies pour parvenir à leurs objectifs. À l’époque des événements de 1968, j’ai revendiqué pour nous le statut de prisonniers politiques. Je considérais que nous étions en un certain sens des martyrs du monde pour lequel nous combattions. Ma position n’a pas changé aujourd’hui, et seule la partialité explique l’étonnement de certaines personnes. Mais cette réaction ne me surprend pas.
• Votre initiative contre la double nationalité a fait quelque bruit. Pourriez-vous nous en dire davantage ?
Il m’est clairement apparu que le peuple allemand est aujourd’hui menacé d’être submergé. Il s’est installé chez nous des populations étrangères très hétérogènes au plan culturel, des populations musulmanes dont le dynamisme démographique est tel que nous courons le risque d’être minoritaires en nombre dans un demi siècle. Or j’estime qu’un peuple est fondé avant tout sur la substance culturelle qui le fait vivre. La présence en notre sein de cultures allogènes représentées par plusieurs millions d’individus me paraît menacer notre existence. Cela me préoccupe et j’imagine que d’autres gens pensent de même, et luttent pour arrêter cette évolution.
• Peut-on encore empêcher la double nationalité ?
Un pas a déjà été franchi en ce sens, même s’il est timide [1]. Les partis représentés au Bundestag ont une piètre idée de leurs électeurs. Ils tentent aujourd’hui de trouver un nouveau biais pour l’imposer, mais le tribunal constitutionnel pourrait bien invalider cette scélératesse. Si la binationalité s’impose, nous irons aux devants de problèmes gigantesques. Je pense que la paix civile est en jeu, et les partis représentés par nos hommes politiques portent là une lourde responsabilité.
• Quels sont vos alliés dans cette lutte ?
Tous les Allemands qui entendent rester allemands. Et je pense que ceux-là même qui aujourd’hui ont du mal à se concevoir comme allemands renaîtront à l’idée nationale à mesure que s’ancrera dans les esprits le sentiment que le peuple allemand a lui aussi un droit d’existence et que nul ne peut s’offusquer qu’on lui demande de retourner dans son pays d’origine.
• Pensez-vous qu’un parti soit un bon instrument pour atteindre des objectifs politiques ?
En aucune façon.
• Nos lecteurs seront heureux de l’entendre. Pourriez-vous préciser votre pensée ?
Les partis sont des officines de propagande pour des intérêts particuliers. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à le dire, des gens très compétents ont exprimé cette idée bien avant moi. L’État est prisonnier. Il devrait incarner l’intérêt général, mais cet intérêt général n’a ni représentants, ni porte-parole. Les partis veulent gagner les élections, et il ne peuvent le faire que dans la mesure où ils prennent en compte des intérêts particuliers. Les groupements d’intérêts, les lobbies, veillent à ce que les partis recueillent les suffrages des personnes sur lesquelles ils ont une influence. Dans la pratique, la politique est une combinaison d’intérêts particuliers, l’intérêt général est toujours laissé sur la touche. Le surendettement de l’État en est un exemple criant : l’État a dilapidé depuis bien longtemps les économies de ses citoyens et il est hors de question qu’il les rembourse jamais. Les gens ont compris que l’État ne pouvait plus remplir sa prérogative naturelle : assurer le bien-être de tous. C’est pourquoi aucun parti ne peut garantir une société de liberté.
• Monsieur Mahler, craignez-vous d’être traité de fasciste, ou pensez-vous avec nos lecteurs que la représentation du national-socialisme a été faussée et noircie à des fins politiques ?
Vos mêlez ici deux choses fort différentes. Je ne crains pas l’évocation d’Auschwitz, cette massue brandie contre les intérêts vitaux des Allemands et d’autres peuples. Cette arme, il faut la neutraliser, il faut faire face, et ne pas se laisser intimider. Indubitablement, l’image du national-socialisme a été faussée. En particulier, on ne fait plus la différence entre les préoccupations légitimes du peuple allemand d’avant 1933 et ce que le mouvement hitlérien en a fait. On en est arrivé à penser que tout ce que le national-socialisme, et plus particulièrement Hitler et ses partisans, ont pu dire est tabou, au seul motif qu’ils l’ont dit. Là est l’erreur, car s’ils ont pris des formes différentes, les problèmes de fond restent les mêmes. Il est essentiel à mon sens de ramener aux dimensions d’une économie nationale ce qui est aujourd’hui aux mains d’un capitalisme débridé et mondial, en sorte que l’économie serve la population. Aujourd’hui, la personne n’existe que dans la mesure où elle sert le système. Cette forme de société est inhumaine, et il faut y mettre fin, ce qui implique un renforcement du principe de nationalité. Ces questions se sont déjà posées en Allemagne dans les années 1930, mais pas seulement en Allemagne. Dans d’autres États européens, on a tenté d’imaginer une voie socialiste non communiste pour incarner les idées nationales. Ces tendances étaient d’ailleurs également très fortes aux États-Unis. La politique de Roosevelt, que les tribunaux ont d’ailleurs partiellement invalidée pour atteintes à la constitution, n’était pas très éloignée au fond des mesures économico-sociales prises par les nationaux-socialistes. Le fait est généralement occulté aujourd’hui. Il est temps que nous réapprenions à réfléchir
Note :
1 - Le large mouvement de résistance à la binationalité qui s’est déployé en Allemagne et le succès obtenu en particulier par une pétition de la CDU chrétienne-démocrate contre le projet socialiste a entraîné une légère modification du texte initial. Dans sa version actuelle, tous les étrangers nés en Allemagne recevront automatiquement la double nationalité. À l’âge de 23 ans, ils devront ensuite opter pour l’une des deux nationalités. Dans la version initiale, tous les étrangers nés sur le sol allemand recevaient dès leur naissance la nationalité allemande et pouvaient conserver la double nationalité à l’âge adulte.
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Déclaration solennelle à propos du mouvement de 1968
Après les discours de Bernd Rabehl lors des meeting de Munich et de Bogenhausen et l’appel de Mahler à un rassemblement national par delà droite et gauche, une déclaration solennelle à propos du mouvement de 1968 jette un nouveau pavé dans la mare des milieux de gauche. Cette déclaration est l’œuvre de trois anciens militants du SDS (Fédération Allemande des Étudiants Socialistes) Horst Mahler, Günter Maschke et Reinhold Oberlercher :
Ceux qui, fonctionnaires et apologétistes, prônent aujourd’hui l’emprise étrangère sur le peuple allemand et plus généralement la domination “globale”, impérialiste, du capital sur tous les peuples de la terre, aiment assez bizarrement à se réclamer du mythe de 1968. Cet abus de langage a amené les signataires à publier cette déclaration à l’usage des générations futures et de l’Histoire. Elle est le témoignage de personnes qui vécurent les événements de 1968 et qui peuvent attester que ce mouvement ne prônait ni le communisme, ni le capitalisme, ni le tiers-mondisme, ni les valeurs véhiculées par l’Occident ou les démocraties populaires. Le mouvement de 1968 œuvrait seulement pour le droit de chaque peuple à une autodétermination de type nationale-révolutionnaire. Nous n’avons jamais prôné la politique de partis, le parlementarisme, les coalitions rouge-verte ou le capitalisme politique sous couvert de démocratie. Le libéralisme nous était tout aussi étranger que le conservatisme ou le socialisme, entendus comme la domination d’une classe sur la société. Le mouvement de 1968 ne prônait pas l’américanisation du monde, la destruction des peuples et des familles par la réduction de tout et de tous au marché, la focalisation sur l’emploi, la mauvaise musique, la pornographie, la drogue, le capitalisme et le crime, mais bien leur contraire.
♦ Article 1.
La révolution culturelle de 1968 était la première révolution mondiale contre le capitalisme. Loin d’être l’émanation de la classe ouvrière, des classes moyennes, de la bourgeoisie ou de la bureaucratie, elle fut le fait de la jeunesse des pays industriels.
♦ Article 2.
1968 restera l’année du soulèvement pour le règne de la liberté. Le point de départ en a été défini par Rudi Dutschke dès 1965 : « Notre objectif doit être l’abolition du travail et notre stratégie est conditionnée par l’avancée de la technologie dans cette direction. » Le 5.9.1967, Dutschke postule que « les gouvernants doivent nourrir les masses ».
♦ Article 3.
Pour la seconde fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands se sont révoltés en 1968 contre l’occupant. Comme le 17 juin 1953, le mouvement partit de Berlin, mais le théâtre des opérations se déplaça de la Stalinallee au Kurfürstendamm. Johan Galtung estime que la renaissance allemande de l’après 1968 inspirée de Marx marquait l’indépendance (Leviathan 3/83.325) de l’esprit teuton par rapport aux modes de pensée anglo-saxons.
♦ Article 4.
La rébellion allemande de 1968 était le deuxième soulèvement allemand contre la domination mondiale du capital. Ce qui lui valut d’être assimilée à un “fascisme de gauche”.
♦ Article 5.
Le SDS joua un rôle de déclencheur national-révolutionnaire assez semblable à la première corporation étudiante de Iéna à l’époque de Napoléon. Le bras militant du SDS au début des années 70 (la Fraction Armée Rouge) poursuivait la tradition d’un Karl Sand, d’un commandant von Schill ou d’un étudiant en armes de cette époque. Le tragique assassinat de Hans-Martin Schleyer, président du patronat, par le SDS, touchait un ancien SS qui avait trahi l’idéal d’une communauté populaire nationale-révolutionnaire pour prendre la tête d’une organisation de lutte de classe.
♦ Article 6.
L’année 1848 eut pour les corporations étudiantes du début du XIXe siècle la même signification que 1989 pour le SDS révolutionnaire : la confirmation du chemin à parcourir pour parvenir à la souveraineté populaire et l’enlisement de la révolution. En 1948, l’unité de l’Empire allemand fut empêchée par les restaurations dynastiques. Après 1990 [1], le système de partis a pérennisé par un article constitutionnel la dictature de la domination étrangère en Allemagne.
♦ Article 7.
Le mouvement de 1968 a donné naissance à deux ailes nationales-révolutionnaires : la Nouvelle Gauche et la Nouvelle Droite. La première luttait principalement contre l’américanisme, la seconde contre le communisme soviétique. La Nouvelle Droite a atteint son objectif immédiat et dirige ses attaques de plus en plus contre l’américanisme et le capitalisme, si bien qu’une réunion de ces deux ailes a pu voir le jour. Or c’est le mythe de 1968 qui a donné naissance à ces “nouvelles” conceptions de la politique. Le programme théorique de 1968 est la continuation de cet idéalisme allemand qui s’était donné pour objectif de penser le monde à travers Dieu. L’idée d’une internationale des nationaux-révolutionnaires a pris corps en février 1968 lors du congrès de Berlin sur le Vietnam, qui s’est fixé pour objectif de « planter les germes d’un front de libération européen contre les grandes puissances et leurs alliés en Europe centrale » (Bernd Rabehl, 6.12.98).
♦ Article 8.
Mais en 1968, à côté de ces “nouvelles” aspirations, et comme il arrive souvent dans l’histoire, les anciennes théories, libéralisme, conservatisme, gauche et droite réactionnaires avaient pour elles le nombre et la puissance destructrice. Ultérieurement, le mouvement de 1968 s’est vu dénier son caractère révolutionnaire, il a été exploité sans vergogne ou diabolisé. À cet égard, le sommet de la trahison a sans doute été atteint par la coalition rouge-verte qui s’est présentée en Allemagne comme héritière des idées de 1968.
♦ Article 9.
Toute nation qui ne veut pas mourir doit constamment remettre en cause sa constitution et sa culture sociales par une révolution qui se doit de renverser les rapports sociaux et de créer des conditions de vie supérieures. Les rapports gauche-droite réapparaissent sans cesse dans la réalité politique. En effet, tout État est confronté aux droits des personnes, qu’il s’agisse d’individus ou de communautés. La politique de droite entend défendre ou rétablir ces droits. Mais ces droits n’ont vu le jour que grâce à une gauche politique qui a réclamé leur existence et les a finalement imposés.
Note :
1 - En 1990, l’Allemagne aurait dû avoir une nouvelle constitution. Au lieu de cela, la constitution provisoire de l’ancienne RFA (Grundgesetz) a été étendue aux deux États allemands désormais réunifiés. Ce qui est contraire au texte même de cette Loi Fondamentale, qui prévoyait que le peuple allemand déciderait librement du choix d’une nouvelle constitution.
► Traduction française par Vincent Malecki, source électronique voxnr, 2002.
♦ Addenda : La recherche documentaire en français sur Horst Mahler (né en 1936) donne sur la toile peu de résultats autres que biographiques. Les plus anciens liens portent sur le lieu commun “rouge-brun” : « Horst Mahler : du rouge au noir » (D. Audibert, Le Point, sept. 2000), « De Baader aux néonazis, la dérive de Horst Mahler » (L. Millot, Libération, août 2002), « Ach, Gross Mahler ! » (Reflexes, 2002), ou, plus récemment, « L’étrange postérité du groupe Baader-Meinhof » (2008).
À partir de 2007, les ennuis judiciaires commencent, ainsi que les scandales (1). Le 25 février 2009, son incarcération est prolongée pour délit d’opinion, relativement au révisionnisme. Or il ne s'agit pas pour cet avocat de manœuvre idéologique, comme cela est sous-tendu par ses détracteurs (2), mais de défendre là encore une Allemagne humiliée et offensée. Les peines accumulées (totalisant 12 ans et demi) équivalent à son âge à la perpétuité. Des protestations en Allemagne puis en France (communiqué E&R sept. 2014, zentropa en 2015) sont lancées contre cet acharnement judiciaire (nouvelle accusation en 2013) recelant un jugement politique. Suite à l’aggravation de son état de santé imputable à ses conditions de détention (négligences médicales, not. concernant son diabète, cf. lettre de son frère Peter ou celle de son fils Axel), il est hospitalisé fin juin 2015 (amputation du pied et du bas de la jambe due à une septicémie). Un avis favorable le 3 septembre 2015 pour sa libération conditionnelle est émis alors que Mahler est toujours patient sous surveillance à l’hôpital Asklepios de Brandebourg-sur-la-Havel. Mais le procureur a immédiatement déposé un recours.
Mahler, âgé de 80 ans, reste à ce jour le plus vieux prisonnier politique d’Europe (cf. lettre 926 Institut Adelaide). Nul Voltaire pour défendre Mahler (excepté Gerard Menuhin), au contraire une tendancieuse confusion entre légal et légitime (cf. par ex. conclusion de « Vers une Communauté de la Mémoire par le droit pénal ? » par Milosz Matuschek qui a consacré sa thèse en 2012 sur le sujet) offre un silence complaisant sur cette fin de vie de prisonnier. Pour ceux qui le peuvent et le souhaitent, il est possible d’envoyer une aide financière à : Horst Mahler, Weidenbusch 13, D-14532 Kleinmachnow, Allemagne.
Notes :
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