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Inde

La géopolitique en Inde

Introduction

Je ne révèle pas une surprise en disant que la géopolitique est bien vivante en Inde. L’importance stratégique de ce sous-continent est en effet très importante. La géopolitique indienne se repère bien entendu dans des champs tels celui des relations internationales et celui des “études indiennes”. Fait intéressant à noter : les travaux du géopolitologue et professeur suédois Rudolf Kjellén a influencé la pensée et les analyses géopolitiques en Inde. Le Prof. M.M. Puri, sans doute le géopolitologue le plus intéressant d’Inde a montré l’importance de l’œuvre de Kjellén dans son discours inaugural lors de l’International Seminar on Afro-Asian Geopolitics en avril 1990 : « … il nous apparaît très nécessaire d’examiner attentivement l’œuvre qu’a écrite Rudolf Kjellén depuis le début des années 1890 jusqu’à sa mort en 1922… Le fait qu’il ait écrit en suédois rend son œuvre quasi inaccessible, non disponible à tous ceux qui ne maîtrisent pas la langue suédoise. Le suédois limite considérablement le lectorat et empêche les universités étrangères de faire connaissance de son œuvre et de l’étudier… Quelques-uns de ses livres ont été traduits en allemand… Il était un écrivain très prolifique… Je veux ici reconnaître formellement la dette intellectuelle que les organisateurs de ce séminaire ont envers la pensée de ce grand politologue suédois, Rudolf Kjellén, qui a véritablement donné substance, signification et ampleur à la science politique pendant la dernière décennie du XIXe siècle. Il était vraiment en avance sur son temps » (1).

Le Président de la Société d’Études géopolitiques, le Prof. V.P. Dutt, dans ses remarques formulées à propos du séminaire en question, a déclaré que nous « pouvions prévoir l’émergence de six, et peut-être de dix, centres [géopolitiques] de grande importance dans le monde : les États-Unis, l’Europe — en fait, il s’agit de “l’Europe germanique”, laquelle se développe plus rapidement que “l’Allemagne européenne” — dont la Mitteleuropa deviendra le foyer le plus actif » (2).

Le Prof. Dutt identifiait en 1990, l’Europe, les États-Unis, la Russie, le Japon, la Chine et l’Inde comme les futurs centres les plus importants du monde. Il songeait également à l’émergence en puissance d’un ou de deux pays d’Amérique latine et d’Afrique.

Analyse géopolitique de l’Océan Indien

Le rôle régional, global et géopolitique de l’Inde ne peut pas être évalué si l’on ne prend pas en compte la problématique de l’Océan Indien. La région de l’Océan Indien a été dans l’histoire une vaste avenue où se sont croisés des courants culturels divers venus d’Asie et d’Afrique. L’Océan Indien est l’Océan du Tiers-Monde, dont les pays riverains ont des populations en croissance rapide.

Par Océan Indien, on entend généralement les masses océaniques situées grosso modo entre 20°E et 120°W de longitude et de 30°N à 40°S de latitude. Au cours de ces dernières années, la Pan-Indian Ocean Science Association a voulu étendre le concept d’Océan Indien vers le Sud, jusqu’à l’Antarctique.

Dans un article paru en 1986 (3), le Prof. Puri décrit les caractéristiques de l’Océan Indien comme suit (nous nous bornerons à énoncer cinq points) :

1. Pour l’essentiel, la zone de l’Océan Indien est fermée sur trois côtés par des terres, la partie méridionale de l’Asie formant comme un toit au-dessus de cette masse océanique.

2. Le sous-continent indien se lance comme un promontoire dans cette masse océanique, sur une distance de plus de mille miles.

(…)

4. Dans la majeure partie de son étendue, l’Océan Indien possède les caractéristiques d’une mer fermée.

(…)

6. La Mer arabique est l’une de ces mers dont l’importance est vitale dans le monde, dans la mesure où elle reste une grande voie maritime, où le commerce et les échanges de tous ordres s’effectuent. Cette mer est une zone d’importance majeure pour la navigation.

(…)

9. Les immensités océaniques au Sud de l’Océan Indien s’étendent jusqu’aux eaux de l’Antarctique, continent inhospitalier, mais qui constitue toutefois un défi car ce n’est que maintenant qu’il s’ouvre à l’exploration et à toutes sortes d’expérimentations. Potentiellement, l’Antarctique sera l’objet de contentieux politiques à l’échelon international, dès avant la fin de ce siècle (4).

Menace russe ?

Le Prof. Puri a écrit son article sur l’importance géopolitique de l’Océan Indien avant la chute du régime communiste en URSS en 1991. Bien sûr, la seule superpuissance demeurant en piste, les États-Unis, a intérêt à asseoir sa présence dans l’Océan Indien. Aujourd’hui, la Russie est sans doute trop faible pour y exercer une quelconque influence, mais n’oublions pas que l’homme politique ultra-nationaliste russe Vladimir Jirinovski, dans son fameux manifeste, intitulé La poussée finale vers le Sud (1993) a déclaré qu’il prévoyait le jour où les soldats russes iraient se baigner sur les plages de l’Océan Indien : « Mais cela ne sera possible que si la Russie s’ouvre au Sud, pour arrêter sa progression sur les rives de l’Océan Indien » (5). « Car, ajoute-t-il, nous avons ensuite la plus longue frontière du monde, celle qui sépare la Russie de la Chine. Cette frontière doit connaître la paix pour toujours, car la Chine a des visées vers le Sud et non vers le Nord. L’Inde nous a manifesté son amitié. À la fin, il ne nous reste plus qu’à pousser vers l’Océan Indien » (6).

« Que la Russie fasse son bond final vers la Sud ! J’imagine déjà les soldats russes se préparant pour cette expédition finale vers le Sud. J’imagine déjà les officiers russes aux échelons divisionnaires et dans les quartiers généraux de l’armée, dresser les cartes de la route qu’ils emprunteront avec leurs unités, et marquer sur ces cartes les points finaux de leur progression. J’imagine déjà les avions rassemblés sur les bases aériennes dans les régions du Sud de la Russie. J’imagine déjà les sous-marins faisant surface près des côtes de l’Océan Indien, je vois déjà les engins amphibies donner l’assaut et s’approcher des plages, tandis que les soldats russes se mettent en branle, manœuvrent leurs transporteurs de troupes blindés et lancent des nuées de chars d’assaut vers l’avant. La Russie entreprendra alors son ultime expédition militaire » (7).

La Chine a-t-elle des visées vers le Sud ?

Jirinovski prévoit l’expansion de la Chine vers le Sud. D’autres experts prédisent déjà que la prochaine grande guerre éclatera entre l’Inde et la République Populaire de Chine. Selon ces experts, les Chinois considèrent que l’Inde est un adversaire potentiel, du fait que l’objectif stratégique de New Delhi reste l’Océan Indien et le Sud-est asiatique. La Chine estime être sous la menace de l’aviation et des missiles indiens. Un rapport rédigé par les hautes sphères de l’armée chinoise prétend que l’Inde pourrait préparer une attaque contre la Chine et que les forces armées de Beijing pourraient parfaitement contre-attaquer victorieusement.

L’importance géopolitique de l’Inde

La montée en puissance de l’Inde est un fait évident. Comme le remarque très justement le Prof. Puri : « La position centrale de l’Inde dans l’Océan Indien, satisfait aux six exigences qu’a fixées Mahan pour le développement et la conservation de la puissance maritime » (8) :

  • position géographique
  • étendue du territoire
  • ampleur de la population
  • formes physiques (nature des côtes)
  • caractère national (aptitude à développer des activités commerciales)
  • nature du gouvernement.


La population de l’Inde, sa proximité avec la zone du Golfe, ses innombrables ressources font de la région de l’Océan Indien l’une des régions les plus importantes de l’hémisphère sud.

Il est donc normal que l’intérêt pour les choses géopolitiques et géostratégiques croît en Inde. Pendant les années 80, deux importants centres d’études en ces matières ont vu le jour.

Les Institutions géopolitiques en Inde

♦ The Society for the Study of Geopolitics

Cette société a été mise sur pied en 1985 à Chandigarh. L’initiateur et secrétaire général était et est resté le Professeur Madan Mohan Puri, Directeur du “Center for the Study of Geopolitics” à la Panjab University. Le Président en est le Prof. Dr. V. P. Dutt. Lors de la toute première manifestation de la Society, les animateurs ont clairement expliqué que la géopolitique avait été mal interprétée et mal conçue depuis la Seconde guerre mondiale. Cependant, dès les années 60, on a pu assister à un regain d’intérêt pour cette thématique en Europe et en Amérique. Le Prof. Puri a également souligné la nécessité urgente de prendre continuellement en considération les facteurs géographiques et physiques dans toute approche de matières politiques. Le but de la Society est de généraliser et de favoriser la conscience géopolitique. Les buts et les objectifs de la Society sont mentionnés dans les statuts :

  • (I) Encourage l’intérêt pour la géopolitique et promouvoir l’étude de la géopolitique
  • (II) Favoriser la compréhension des phénomènes politico-géographiques, tels qu’ils surviennent et se déploient dans notre environnement proche ou lointain.
  • (III) Promouvoir la conscience de la continuité existant entre la géographie et la politique, en tant que disciplines académiques et en tant que faits réels de la vie.
  • (IV) Susciter et favoriser un corpus d’opinion bien informé sur tous les facteurs, forces et phénomènes géopolitiques à l’œuvre dans la société, bien distinct des facteurs, forces et phénomènes géostratégiques ou psycho-politiques.
  • (V) Initier, entreprendre, soutenir et répandre les recherches et les analyses portant sur les multiples aspects de l’interaction et des interrelations à l’œuvre dans les domaines en expansion de la géographie et de la politiques à tous niveaux.
  • (VI) Collecter, susciter, engranger, préserver, déchiffrer, publier et répandre toutes données et informations relatives à la géographie et à la politique, spécialement dans le domaine de la géographie politique.
  • (VII) Constituer et conserver des archives, une documentation et une bibliothèque sur les questions géopolitiques.
  • (VIII) Constituer à Chandigarh, si possible et dès que possible, un Centre d’information et d’analyses géopolitiques.
  • (IX) Organiser des réunions, des cours, des débats, des discussions, des séminaires, etc., en accord avec les buts et objectifs de la société.
  • (X) Initier, assister, encourager et financer des recherches et des analyses en matières géopolitiques.
  • (XI) Offrir et réceptionner toutes informations, consultations, avis et expertises en matières géopolitiques.
  • (XII) Échanger et partager des données, des résultats de recherches et des analyses en matières géopolitiques avec des institutions de haut niveau académique, avec des organisations de recherches ou des institutions similaires de bona fide, sans aucune discrimination, afin d’établir des normes académiques ou de dégager les grandes lignes de l’intérêt national (9).


♦ The Centre for the Study of Geopolitics

Ce Centre a été créé en 1987 à la Panjab University à Chandigarh. Il est financé par la Commission des subsides de l’Université indienne et constitue un appui aux recherches du Département des Sciences politiques. Il semble que ce soit la seule institutions constituée en Inde qui s’occupe de recherches en géopolitique. Le Directeur en est le Prof. M. M. Puri, formé en Inde et en Allemagne. Il a publié de nombreux ouvrages dans les domaines des relations internationales et de la géopolitique.

► Bertil Haggman, Vouloir n°137-141, 1997.

(Paper no. 17, « Geopolitics in India », 1994, Centrer for Research on Geopolitics/CRG, Helsingborg, Suède)

• Notes :

(1) Rapport intitulé « Afro-Asian Geopolitics », séminaire organisé par le Département de Sciences politiques, Center for Geopolitics and Society for the Study of Geopolitics, 4 au 11 avril 1990, Chandigarh, Inde, pp. 44-45.

(2) Ibid., pp. 49-50.

(3) Madan Mohan Puri, « Geopolitics in the Indian Ocean : The Antarctic Dimension », Journal of the School of International Studies, Jawaharlal Nehru University, New Selhi, Vol. 23, no. 2, avril-juin 1986.

(4) Ibid., pp. 158-159.

(5) « Zhirinovsky in His Own Words : Excerpts from The Final Thrust South », The Heritage Foundation, Washington D.C., Février 4, 1994, p. 5 (dans l’original, p. 127).

(6) Ibid., p. 11 (dans l’original, pp. 138-139).

(7) Ibid., p. 11 (dans l’original, p. 142).

(8) Puri, « geopolitics in the Indian Ocean… », p. 161.

(9) Rapport, « Afro-Asian Geopolitics », pp. 30-31.

• Sources (non mentionnées dans les notes) :

- M. M. PURI, The Antarctic - A Study in the Geopolitics of Peace, London, Routledge/Cambridge University Press, 1993.

- M. M. PURI, Afro-Asian Geopolitics (à paraître).

- Indian Ocean Geopolitics : the Enduring Imperatives, Proceedings of the Tenth European Conference on Modern South East Asian Studies, Venise, 28 septembre/4 octobre 1988 (publié en 1990).

- Ashwini SHARMA, Wealth of the Indian Ocean, manuscrit non publié, mémoire pour l’obtention du titre de M. Phil., Panjab University, Chandigarh, 1983.

Inde

La vision de Mackinder et des géopolitologues anglo-saxons d’après Daniel Castagnin, in : Poder global y geopolitica, ed. Pleamar, Buenos Aires, 1984. L’Inde fait partie de la “ceinture péninsulaire”.

 

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Reconnaître le Pôle Indien du Grand Continent Eurasiatique

Nos thèses géopolitiques sont désormais parfaitement connues, qui ouvrent le concept de la plus Grande Europe franco-allemande — le Pôle Carolingien — aux espaces eurasiatiques décisionnels de la Grande Sibérie et du “Projet Continental Grande-Sibérie” (PCGS), du Japon et de l'Inde, à la perspective révolutionnaire totale de ce que nous avons nous-mêmes su appeler l'Empire Eurasiatique de la Fin. À l'heure présente, l'axe fondamental de la politique eurasiatique franco-allemande apparait comme étant orienté — et d'une manière particulièrement accentuée avec le retour du gaullisme au pouvoir — vers l'Inde, et partant, vers les nouvelles relations spéciales, aussi actives que profondes, en train de s'établir — souterrainement encore, mais comment faire autrement en temps de déréliction — entre la France gaulliste et l'Inde en marche vers l'émergence à terme rapproché de son nouveau Réveil National, voire de son Éveil Final. J'entends des relations spéciales destinées à forger en avant un autre destin du Grand Continent Eurasiatique, un autre destin de future politique planétaire impériale de celui-ci, et dont notre génération se doit à l'heure actuelle d'assumer héroïquement la nomination tragique et toutes les charges révolutionnaires de terrain. Car, devant faire face nuptialement au Pôle Carolingien, il est né, à présent, le Pôle Indien, réminiscence de l’Anabase initiatique de notre Alexandre le Grand, et de la haute lumière aryenne et védique d'avant l'obscurcissement de l'être en nous, et il se développe, inexorablement, au cœur même du mystère vivant de l'histoire mondiale à sa fin.

Aussi n'avons-nous plus à le cacher, des forces supérieures sont déjà à l'œuvre, dans notre camp et même hors de notre camp, des forces que l'on doit considérer, pour le moment, comme essentiellement occultes, des forces révolutionnaires mises en convergence par une nouvelle sommation polaire de l'histoire mondiale et qui, toutes, se trouvent engagées en avant dans le cadre du nouveau processus impérial planétaire dont le rapprochement franco-indien proposé, aujourd'hui, par le gaullisme visionnaire plus ou moins déjà en place à Paris, se veut le symbole ardent, la poussée d'avant-garde décisive, conçue pour qu'elle entraîne le reste, avec elle, et tout avec elle, vers les ultimes accomplissements de sa propre définition d'elle-même, et celle-ci déjà à l'œuvre, partout. Voir, à ce sujet, le travail de définition en profondeur, définition en termes de géopolitique impériale et révolutionnaire de l'actuelle histoire active du monde, auquel je me suis moi-même livré dans un récent entretien avec Mary de Rougement, Francis Mader et Nicolas Beaujolin, entretien publié par Vouloir,  Bruxelles, 1995, sous le titre Pourquoi la Géopolitique ?, ainsi que tout le faisceau d'approches géopolitiques de combat dont Vouloir  s'est fait le véhicule européen privilégié, et qui se trouve en plein développement.

Ainsi se fait-il que, pour nous autres, tout ce qui tend à s'opposer au projet grand-continental révolutionnaire eurasiatique en cours — et plus particulièrement au rapprochement contre-stratégique transcendantal de la France et de l'Inde constituant déjà les fondations vives, irradiantes, l'axe central de toute politique grande-continentale eurasiatique, actuelle et à venir — nous apparaît comme une démarche subversivement concertée contre nous-mêmes, dont il faut que nous prenions immédiatement toutes les mesures visibles et cachées, pour mieux pouvoir en neutraliser la manifestation interceptée, et l'anéantir sur place.

Nous sommes en état de guerre politique totale pour la libération ontologique du Grand Continent et pour la domination finale du monde et de l'histoire finale du monde à sa fin, et tout ce qui fait obstacle à notre volonté impériale d'être et de liberté, à notre volonté de liberté ontologique et cosmique, doit être anéanti, et le sera en temps utile.

Quelles responsabilités pour l'actuelle crise stratégique franco-indienne ?

La vigilance, une extrême vigilance de chaque instant, nous semble donc plus que jamais a l'ordre du jour. Car ce n'est quand même pas pour rien que le gouvernement du Premier Ministre indien Narasimha Rao s'est vu dans l'obligation d'annuler — au dernier moment — la réunion, prévue pour novembre 1995, de la “Commission Économique Franco-Indienne”, ce qui a également eu pour effet non seulement du suspendre la visite officielle du ministre français de l'Industrie, Yves Galland, mais aussi de bloquer le départ pour New Delhi, organisé, tout comme la visite du ministre de l'Industrie, à l'occasion des travaux de la “Commission Économique Franco-Indienne”, d'une cinquantaine de grands patrons représentant les industries françaises de pointe, ainsi que de certains éléments d'encadrement du “Centre National du Patronat Français” (CNPF).

L'attitude négative de la partie indienne, plus que justifiée, aura manifestement été provoquée par le fait que, à l'heure actuelle, le Pakistan négocie — très ouvertement, dans une dialectique de sidération — avec Serge Dassault et les délégations françaises à l'armement et certaines autres, l'achat stratégique, pour un montant de base — qui sera sûrement à revoir ultérieurement à la hausse — d'au moins 5 milliards de francs, de 40 Mirages 2000-F armés du nouveau missile français air-air Mica. Dans les milieux politico-militaires, voire diplomatiques, proches du gouvernement d'Islamabad, on prétend — et l'on va s'évertuer même à ce que cela ne tarde pas trop à se savoir — que le feu vert nécessaire, et même que tous les feus verts ont déjà été donnés par les autorités gouvernementales françaises compétentes, et que la signature définitive de l'accord final interviendrait avant la fin décembre 1995.

Le fait est donc certain que, grâce aux vecteurs supersoniques ainsi fournis par la France, New Delhi risque de se trouver bientôt à la portée immédiate d'une intervention nucléaire directe du Pakistan : situé à 300 km de la frontière pakistanaise, New Delhi peut être atteinte en 3 minutes par les Mirage 2000-F supersoniques adaptés à la vectorisation des engins nucléaires pakistanais.

Il faut aussi ajouter à cela que le contentieux franco-indien va se révéler déjà alourdi par la fourniture en cours, au Pakistan, de trois sous-marins français conventionnels de la classe Agosta, armés des missiles ultra-modernes SM 39, dernière réalisation majeure de la technologie militaire française actuelle, sous-marins que les chantiers de Cherbourg ont pris en charge pour le compte d'Islamabad.

« Les quinze premiers stagiaires du chantier pakistanais KSEW — l'apprend-on par Le Monde, sous la signature réputée significative de Jacques Isnard — viennent d'arriver à l'arsenal de Cherbourg pour y être formés. D'ici à 1999, deux cent quarante Pakistanais passeront par l'arsenal. L'accord prévoit que le premier sous-marin sera construit à Cherbourg. La coque du deuxième bâtiment sera livrée en tronçons montés par le client. Des sections du troisième sous-marin seront assemblées dans les chantiers au Pakistan » (Le Monde, 28.XII.1995).

L'actuel gouvernement gaulliste de Paris, dont nous connaissons pourtant les orientations géopolitiques et le projet grand-continental révolutionnaire d'avant-garde, entendrait-il donc soutenir, ainsi, ouvertement, et en quelque sorte contre ses propres positions métapolitiques constitutionnelles de base, le dispositif d'encerclement continental de l'Inde et l'investissement stratégique de l'ensemble méridional, océanique, du Grand Continent, par les forces de la ligne du front islamique fondamentaliste, ligne de front supranationale, subversivement engagée, ces forces, sur l'arc de cercle allant des Philippines et du Pakistan jusqu'au Maghreb déstabilisé par le même fondamentalisme révolutionnaire, nocturne, antihumain, et dont l'heure s'annonce aussi comme tout à fait proche — soutenue ou non par la Turquie — sur le flanc Sud des espaces en refondation politique totale ayant appartenu à l'ancienne Union Soviétique où à ses zones de pénétration ou d'influence ?

Comme une tache douteuse sur un cadavre récemment maquillé, apparaît donc ici une très flagrante contradiction entre les grandes doctrines géopolitiques du gaullisme révolutionnaire actuellement au pouvoir à Paris ne fût-ce qu'en la personne de Jacques Chirac, le gaullisme foncièrement attaché aux projets concernant le proche avenir impérial du Grand Continent eurasiatique et aux engagements de l'Europe à l'égard du Pôle Indien émergeant, et les décisions subversivement aliénantes d'une administration politiques indûment encore en place, non entièrement reconsidérée à cette heure, et qu'il s'agit donc de faire réglementer au plus vite. Et je préciserai, la mettre au plus vite hors de l'état de nuire.

N'est-il pas, alors, de notre devoir de publier, ouvertement et tant qu'il est encore temps, une contradiction qui en l'occurrence nous semble des plus troublantes, voire des plus suspectes, et, surtout à suspecter? Or c'est bien ce que nous faisons, nous suspectons certaines instances administratives en place soit d’inadvertance manifeste et dans tous les cas coupables dans la conception même de leurs initiatives, soit de haute trahison car, n'est-ce pas, comment appeler autrement le fait de servir les intérêts d'une puissance étrangère mobilisant sa volonté de domination planétaire contre les plus hauts intérêts politico-révolutionnaires nationaux et grands-continentaux eurasiatiques de la France ?

Et d'autant plus troublante, cette soudaine “obstaculisation” de la politique grande-continentale eurasiatique commune de la France et de l'Inde que les deux portes de verrouillage et de contrôle du flux des décisions administratives supérieures de l'État français, le Secrétariat Général de la Présidence de la République et la Direction de Cabinet du Premier ministre, se trouvent entre les mains de, respectivement, Dominique de Villepin et Maurice Gourdault-Montagne, tous deux des diplomates de carrière ayant effectué des longs séjours en Inde, dont ils connaissent les problèmes actuels, et que l'on connaît comme entièrement acquis à la cause de l'Inde et à la ligne indienne secrète qu'avait en son temps définie, pour ceux du “premier cercle”, le Général de Gaulle lui-même. Il nous reste à tirer au clair le contexte profond où s'est développée cette “troublante affaire”, et, surtout, ce qui se dissimule spectralement derrière celle-ci, dans une succession de faux-fonds encore plus troublante, obscure et mortelle.

Les États-Unis poussent la Chine contre le Bloc Eurasiatique

Car, en Asie, la terre brûle. Les feux des volcans souterrains de l'histoire grondent à nouveau, les invisibles digues de la paix menacent de voler en éclats. L'avènement au pouvoir, à Paris, d'un Président de la République incarnant une nouvelle remontée du “grand gaullisme” révolutionnaire et, de par cela même, la soudaine réactivation politico-stratégique du Pôle Carolingien et des projets grands-continentaux eurasiatiques véhiculés par celui-ci, a forcé les États-Unis à y répondre par une contre-offensive du même niveau planétaire.

Aussi le premier objectif de l'actuelle contre-offensive anti-européenne de Washington apparaîtra-t-il comme étant celui d'installer d'urgence un contre-feu grand-continental eurasiatique en s'engageant à soutenir une nouvelle émergence politico-militaire de la Chine pour faire pièce, sur le Front Sud du Grand Continent, aux mobilisations en cours du Japon, de l'Inde et de la Russie Sibérienne dans le cadre de la nouvelle unité continentale promue par l'Europe du Pôle Carolingien.

De même que, avec la Guerre du Golfe, les États-Unis avaient déjà essayé de couper l'Europe de l'Ouest de ses sources d'approvisionnement pétrolier les plus immédiates, les États-Unis comptent à présent tourner la future identité impériale du Grand Continent Eurasiatique par le Sud, en exacerbant, sur le terrain, le fondamentalisme révolutionnaire islamique tout en faisant semblant — dialectique opérationnelle du leurre — de le combattre à outrance.

Une des stratégies opérationnelles spécifiques de la CIA — et autres agences assimilées — exige, en effet, certains l'ont quand même bien compris, que, lors de la mise en marche de toute grande manœuvre politico-stratégique d'ensemble, l'exhibition préliminaire soit prévue d'un écran diversionnel et de contre-assurance: à l'instant même où Washington décide de soutenir la formidable révolution islamique fondamentaliste naissante, les agences de désinformation active de la CIA s'arrangent pour que par la voie des médias sous contrôle ou par des canaux diplomatiques à couvert l'on apprenne que les États-Unis s'engagent à fond dans le combat contre la subversion fondamentaliste planétaire, envisageant de conduire des opérations de déstabilisation intérieure en Iran. Un nouveau budget de 20 millions de dollars a même été officiellement approuvé, le 21 décembre 1995, par la Chambre des Représentants, pour “modérer”, par des voies plutôt spéciales, ce que le speaker Newt Gingrich appelle, lui, et d'ailleurs à juste titre, la “menace permanente pour la vie présente sur cette planète” venant de la part d'un “État terroriste”, etc.

D'une manière analogue — la même stratégie du leurre, de l'écran en dédoublement diversionnel — au moment précis où Washington avait décidé son opération de déstabilisation intérieure du nouveau pouvoir gaulliste grand-européen en place à Paris, déstabilisation envisagée par l'exacerbation de certains conflits sociaux d'envergure, de nature de plus en plus ouvertement insurrectionnelle, visant jusqu'à la rupture intérieure même de la société française actuelle, des conflits, par ailleurs, manigancés et conduits, secrètement, sur le terrain, par des éléments de la CIA opérationnellement détachés sur Paris et sur toute la France, la CIA montait, en plus, une action d'écran préventionnel où certains de ses éléments — plus ou moins déjà “brûlés” — étaient sacrifiés à dessein — et ce sur des indiscrétions directement filtrées depuis l'Ambassade des États-Unis a Paris — dans la cadre d'un montage obligeant quand même les structures françaises de sécurité à procéder au démantèlement d'un soi-disant “réseau américain”, fabriqué de toutes pièces, un fantasmagorique “réseau américain de renseignement, de pénétration et d'influence à couvert des milieux gouvernementaux et diplomatiques parisiens”, en somme le double en faux du vrai lui aussi là, mais celui-ci profondément secret, et déjà prêt à servir, à passer à l'action.

De manière à ce que, ultérieurement, et pour être plus précis à la veille même du déclenchement des grèves insurrectionnelles organisées, en France, en décembre 1995, par la CIA agissant à travers ses entrées spéciales à Force Ouvrière et au sein aussi de certains clans dormants de la nébuleuse trotskyste, Washington puisse annoncer, officiellement, que la CIA se serait vue intimer, sur dispositions supérieures, de renoncer immédiatement à toutes ses activités de renseignement ou d'influence à couvert en territoire français.

Enfin, du point de vue de l'impérialisme planétaire grand-océanique des États-Unis, la mission géopolitique dérivée de la Chine happée par leur propre dispositif d'intervention vers le cœur du Grand Continent Eurasiatique devient ouvertement une mission anti-continentale, de poussée divergente et déstabilisatrice, mettant directement en danger les passions communautaires grand-continentales de l'Inde, du Japon, de la Grande Sibérie. Et ne l'oublions pas : la nouvelle émergence politico-militaire de la Chine en tant que superpuissance eurasiatique et planétaire devant faire contre-poids aux projets européens pour l'engagement révolutionnaire impérial du Grand Continent passe, aujourd'hui, par la normalisation — dans le sens brejnevien du terme, le bon, que l'on avait si parfaitement su exploiter, le bel été 1968, à Prague — de l'ensemble de la situation politique du Sud-Est asiatique et, surtout, par l'intégration forcée, à brève échéance, de la “province renégate” de Taïwan.

D'où le formidable regain des mouvements de forces en remontée, encore indéchiffrables, des activités politico-militaires souterraines dans tout le Sud-Est asiatique, mouvements dont le Pakistan sous l'invisible contrôle américain, représente aujourd'hui la plate-forme opérationnelle décisive, lieu de rencontre et de compétition révolutionnaire des poussées américano-chinoise et américano-islamiste, en attendant que le troisième terme américain finisse par devenir lui-même invitation à un choix non dialectique, et comme le butoir même de la déflagration finale.

Et que revive le Pôle du Soleil Levant !

De toute évidence, c'est bien pour répondre au retour en force de la Chine sur la scène de l'histoire actuelle du Grand Continent que le Japon a déjà dû prendre confidentiellement une série de contre-mesures en projet qui, par des paliers successifs, ont fini par faire que, aujourd'hui, l'Empire du Soleil Levant — ce que nous appelons le Pôle du Soleil Levant de notre futur Empire Eurasiatique de la Fin — dispose du deuxième budget militaire national de la planète, immédiatement après les États-Unis.

D'autre part, Tokyo est à l'heure actuelle en train de procéder — vue la situation de plus en plus dramatiquement préoccupante dans la région, où la Chine ne pourra désormais plus ne pas agir ou, comme on dit, “ne pas commettre l'irréparable” à l'intégration accélérée en une seule structure opérationnelle sommitale des services de renseignements politico-militaires des trois Armées - Terre, Air, Mer de l'État-Major Général, et du Ministère de la Défense.

En même temps, émanation directe du sommet intégré des services de renseignements militaires, une “délégation spéciale, permanente et secrète” va prendre sous son contrôle immédiat la direction générale du nouvel ensemble en préparation des services civils de la sécurité. Des informations de source tout à fait certaine et amie font en effet état non seulement d'une très prochaine “réorganisation en profondeur” de l'ensemble des forces civiles de la sécurité nationale, mais aussi de la mise sur pied, en urgence, de nouvelles structures de renseignement politico-opérationnel se situant à des niveaux inhabituels, polarisés par les dialectiques spéciales de la “guerre secrète”, voire la “guerre occulte” et les zones d'investissement social et des influences politiques et culturelles clandestines de celle-ci. De tous ces changements en cours, une assez vertigineuse signification semble se dégager, qui concerne en premier lieu le renouveau intérieur de notre Pôle du Soleil Levant et sa nouvelle émergence impériale actuelle, eurasiatique et planétaire.

Le retour, au Japon, des Forces Armées au premier plan du pouvoir politique agissant ne saurait cependant pas être fait ni même envisagé — on le comprendrait à moins — sans l'appel à une couverture tout à fait massive des forces civiles nationales. Ainsi la désignation à la tête du “Parti Libéral Démocrate” (PLD) de Ryutaro Hashimoto, vice-Premier ministre, en charge du MITI (Ministère du Commerce International et de l'Industrie), l'homme de la ligne nationale et impériale japonaise la plus intransigeante face aux États-Unis, ainsi que l'élection, le 27 décembre dernier, d'Ichiro Ozawa, à la direction du Parti de la Nouvelle Frontière, le Shin-shito, doctrinaire d'une reconsidération totale de la place actuelle du Japon dans le cadre de la nouvelle politique planétaire, prennent-elles soudain une importance qui dépasse de loin le seul plan des affaires politiques intérieures nippones, pour rejoindre la zone décisive suprême où émerge à nouveau le Pôle du Soleil Levant et ses grandes missions eurasiatiques et planétaires.

D'ailleurs, dans l'ombre, les jeux sont faits : en avril 1996, ce sera bien Ryutaro Hashimoto qui sera le nouveau Premier Ministre du Japon, le douteux et néfaste Tomiichi Murayama, socialiste, devant passer à la trappe. Ou, peut-être, tout de suite.

Les retrouvailles de Jacques Chirac, de Jacques Chirac en tant que Chef de l'État français, avec le Japon, porteront donc Jacques Chirac, en juin prochain, à la rencontre de Ryutaro Hashimoto, l'homme du Grand Renouveau, tout comme, pour sa nouvelle rencontre avec l'Allemagne, le nouveau Chef de l'État français s'est porté à la rencontre de Helmut Kohl, à Baden-Baden, en décembre 1995, où s'est faite la Nouvelle Europe.

Jacques Chirac et Helmut Kohl, à Baden-Baden, décembre 1995

Or cette même évolution polaire au sein des services de renseignements militaires, interceptée au Japon, est très vite apparue en Europe aussi: à la suite de la réunion franco-allemande au sommet ayant eu lieu en décembre 1995 à Baden-Baden, entre Jacques Chirac et Helmut Kohl, la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne ont à leur tour décidé la mise en piste d'urgence d'une communauté polaire de l'ensemble des services de renseignements militaires européens, le “noyau dur” des quatre de Baden-Baden devant aussi assurer, par la suite, l'accueil des autres services de renseignements militaires des pays intégrant la plus Grande Europe.

En plus, lors de cette même réunion franco-allemande de Baden-Baden, il a été également décidé de la mise en commun de l'Aérospatiale française et de la DASA allemande (DASA, Daimler Benz Aerospace) dans le cadre d'un vaste programme européen pour l'industrie des missiles, des satellites et de la poursuite des projets spatiaux grands-européens. Ce programme prévoit la mise en œuvre immédiate du satellite-espion à infra-rouges Hélios II (12 milliards de francs) et du satellite-espion à radar Horus (13 milliards de francs). L'exécution de ces premiers programmes sera confiée, simultanément, aux usines allemandes de Friederichshafen et aux établissements industriels français de Cannes.

En fait, c'est bien le 8 décembre 1995, à Baden-Baden, que le noyau politico-militaire originel de notre futur Empire Eurasiatique de la Fin est né, et que “la saison de Yalta” a véritablement pris fin. C'est depuis ce jour-là que nous sommes libres.

Baden-Baden c'est en tout état de cause le Contre-Yalta, le triomphe final de l'Europe face à la conspiration géopolitique négative des Puissances Extérieures.

Ce jour-là, c'est la vérité de notre propre vérité qui nous a donc rendus libres, et les pouvoirs de projection historique directe de cette vérité déjà agissante-là, déjà à l'œuvre. Tombée, à Yalta, sous la domination des Puissances Extérieures dont, en premier lieu, les États-Unis et l'Union Soviétique, ainsi qu'en en subissant, dans l'ombre, le terrible assujettissement aux puissances occultes se tenant derrière celles-ci et les manipulant à des fins encore et toujours inavouables, l'Europe — la plus Grande Europe — retrouve donc à présent sa place dans la nouvelle histoire révolutionnaire du monde, et sa souveraineté entière, à Baden-Baden, où, tout comme le Général de Gaulle avait donné à la France sa liberté nucléaire, Jacques Chirac a donné à l'Europe sa liberté spatiale et supraspatiale ultime. Ainsi voit-on qu'il n'y a de liberté que militaire, qu'il n'y de liberté qu'impériale.

Quelque part, tout se passe comme si, forcé par les délais de la contrainte extérieure et les circonstances négatives intérieures que l'on vient de voir à l'œuvre, Jacques Chirac ait compris que, pour faire l'Europe — la Grande Europe — en temps encore utile, ce n'est pas l'Europe économique, ni même l'Europe politique, voire l'Europe des cultures qu'il faille envisager de faire, mais l'Europe Militaire. Idée impériale s'il en fut, à laquelle tous les partenaires européens de la France et l'ensemble des Pôles de Soutènement de la future grande entité impériale eurasiatique — le Japon, l'Inde — ne peuvent pas ne pas répondre immédiatement, et idée par laquelle la France y trouve automatiquement sa place centrale, décisive, sa place prédestinée. C'est l'idée pour laquelle il fallait se battre à mort. Et c'est pourquoi Jacques Chirac s'est battu à mort. Avec, à ses côtés, Helmut Kohl, jusqu'à la fin.

L'Europe Militaire, c'est l'Europe de l'Espace. Pour que l'on puisse se rendre compte de la portée profondément cachée, inavouable, des enjeux régis par la rencontre et les décisions au sommet prises en décembre 1995, à Baden-Baden, par Jacques Chirac et Helmut Kohl, il suffit de savoir que le fort suspect John Deutch, directeur démocrate de la CIA démocrate de Bill Clinton, s'est lui-même déplacé, par quatre fois, à Bonn, pour essayer de dissuader Helmut Kohl de suivre Jacques Chirac dans ses projets métapolitiques visionnaires concernant le Grand Continent Eurasiatique commis en chantier par le gaullisme révolutionnaire. De son côté, Bill Clinton n'a pas hésité à téléphoner lui-même, à plusieurs reprises, à Helmut Kohl, auprès duquel il dépêcha aussi, au moment culminant, l'étrange secrétaire d'État Richard Holbrooke (“l'homme sans bagages et de tous les chantages”). Mais rien n'y fit.

La vision gaulliste révolutionnaire hantant Jacques Chirac, la vision de la plus Grande Europe et de ses futures destinées impériales eurasiatiques, et la résolution inspirée, fidèle et géniale, allemande, de Helmut Kohl, sont parvenues, ensemble, à donner un nouveau commencement à l'histoire européenne du monde et aux destinées planétaires de l'Europe interdite d'histoire depuis 1945.

En décembre 1995, grâce à Jacques Chirac et à Helmut Kohl, une nouvelle superpuissance planétaire est née, la plus Grande Europe, mobilisant, pour commencer, 400 millions d'hommes et se trouvant déjà en mesure d'aligner une puissance politico-militaire, économique, démographique et culturelle face à laquelle les États-Unis se retrouvent dans une situation de seconde, voire de troisième position, situation que Washington et les tenants de la puissance américaine intérieure, occulte, sont loin de pouvoir accepter, même devant le fait accompli. La troisième guerre mondiale est donc en principe là.

Il est donc grand temps que la communauté polaire des renseignements militaires de l'Europe de l'Ouest — dont les buts plus proprement politiques sont encore tenus sous réserve — puisse passer au stade suivant, déjà. Stade où, dans la perspective de ce que nous appelons, nous, le projet de l'Empire Eurasiatique de la Fin, cette communauté polaire du renseignement militaire européen vienne à intégrer, aussi, les représentations au sommet des services analogues de la Russie, du Japon et de l'Inde.

“La Quatrième Clef de Voûte”

On voit bien à présent par où passe la ligne de front. Toujours indiscernable pour les regards non prévenus, un même ennemi — toujours le même — se tient à l'affût derrière tout ce qui s'oppose à l'actuelle volonté impériale grande-européenne de la France gaulliste et de ceux qui se sentent appartenir à la même communauté de haut destin, appelés par la même mission secrète suprahistorique.

Les grèves insurrectionnelles antinationales et anti-européennes de décembre 1995 en France, le sabotage des relations stratégiques de la France avec le Pôle Indien portent, nous nous en sommes quand même aperçus à temps, les traces corrosives de la même griffe. Il faut seulement réapprendre à voir, toutes les grandes batailles vont être, désormais, comme toutes les guerres vraiment grandes, de plus en plus occultes, de plus en plus située dans les territoires de l'invisible. Il faudra donc que nous nous y fassions, et tout de suite.

Ainsi, laissant brutalement de côté les prétextes de diversion nécessaires à la circonstancialisation de toute manœuvre poursuivie jusque sur le terrain, les grèves insurrectionnelles “françaises” de décembre 1995 n'avaient en réalité qu'un seul but, un but qui expliquera les étranges complicités de fait dont celles-ci avaient bénéficié de la part de qui l'on s'eût attendu vraiment le moins : car, en réalité, ce but stratégique de pointe était celui de saboter — sur le coup même, et en même temps d'installer les conditions d'une continuité de cette même action de sabotage dans le futur — l'actuelle politique totale d'intégration grande-européenne de la France gaulliste et partant d'empêcher la naissance de ce que Hervé de Charette, le ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, appelait, dans son extraordinaire entretien avec Le Figaro  du 20 décembre 1995, la Nouvelle Europe. Hervé de Charette : « Pour la première fois de notre histoire, nous allons réaliser l'unité de notre continent. Ce sera mieux que Charles Quint ».

Dans Le Figaro  encore, Michel Massenet, Conseiller d'État, écrivait bien clairement, le 18 décembre dernier, au sujet de Marc Blondel : le leader FO vise l'Europe au cœur, et il le sait. Mais nous aussi on le sait.

Or tout cela devient d'une gravité ultime, dramatique, provocante, mais incontournable aussi, quand on a compris que dans les plans des agitateurs conspirationnels socialo-communistes et trotskystes le mois de janvier 1996 les masques devront tomber, tous, et que les mouvements insurrectionnels soi-disant syndicalistes vont se présenter ouvertement comme un “Front Social uni” contre l'Europe (“contre l'Europe et pour l'emploi”, etc).

Il faudra donc faire le nécessaire. Car ces rassemblements de toutes les conspirations, de tous les complots anti-français et anti-européens mobilisés pour appuyer le grèves insurrectionnelles de janvier devront alors être tirés au clair, et il y aura dans ce cas des surprises exécrables et immenses à faire prendre en compte même chez certains de nos plus proches amis. L'histoire de France s'apprête à devoir vomir un long passé de ténèbres, et ce sera son rituel vomitto negro, toutes les boues noires de l'ancienne tragédie française et le grand renouveau salutaire.

D'autre part, nous avons tenu à situer dans son contexte profond l'actuel sabotage des relations stratégiques franco-indiennes. Point n'est-il donc besoin d'insister pour que l'on comprenne que, dans l'horizon dialectique de cet ensemble de considérations finales, l'inconcevable dérapage administratif français convaincu de fournir à un État qui, comme le Pakistan, appartient à la ligne de front des puissances subversivement engagées contre la France et contre la totalité agissante de la grande politique eurasiatique de la France gaulliste, du matériel stratégique hautement significatif, destiné à assumer un rôle singulièrement décisif dans les déroulements prévisibles d'une crise désormais sans doute prochaine, devient, en quelque sorte symboliquement même, une action dont il faut signaler, et produire, aussi, en direction de nos compagnons et camarades du régime gaulliste révolutionnaire actuellement en place à Paris, le suivi des culpabilités cachées, les mesures d'arrêt et de démantèlement de l'opération en cours, défaire donc par fidélité ce qui a été fait ou a failli se faire par trahison, envisager les sanctions exigées ne fût-ce que par l'extrême gravités des enjeux et de l'heure.

Telle est notre tâche, notre devoir et notre volonté d'être là, précisément, où nous appellent les missions qui sont nôtres. La sécurité politico-révolutionnaire qu'une entreprise géopolitique continentale de la taille de celle dont nous nous voulons et nous sommes l'avant-garde idéologique et activiste ne se divise pas, de même que ne se divise le principe agissant de l'Imperium dont nous annonçons le prochain avènement et dont le Pôle Indien est la quatrième clef de voûte, la clef de voûte tournée vers la lumière antérieure de notre propre être, de notre plus haute conscience révolutionnaire et impériale à venir.

► Jean Parvulesco, Vouloir n°129/131, 1996.

 

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Iran / Inde : coopération dans les secteurs hydrique et alimentaire

L’eau est un bien précieux et, dans un futur proche, elle pourra constituer un “casus belli” quand il s’agira, une fois de plus, d’exporter la “démocratie” dans l’une ou l’autre région du monde

Le ministre indien des ressources hydriques, Pawan Kumar Bansal (photo), s’est rendu récemment à Téhéran pour y représenter l’Inde au XXIe Congrès sur la sécurité alimentaire et hydrique : ce sont là des sujets du plus haut intérêt pour ces deux grands pays de la masse continentale eurasienne. Bansal a surtout mis l’accent sur “l’importance de détenir une sécurité alimentaire sur la scène mondiale actuelle”, ce qui a pour corollaire la disponibilité en eau pour la population et les cultures; l’eau, véritable or bleu, est essentielle pour toute autosuffisance en ces secteurs d’activité humaine.

Le ministre indien, après avoir souligné les affinités qui existent entre l’Inde et l’Iran, a également rappelé qu’il manquait une stratégie commune en ce domaine hydrique/alimentaire. “L’Inde investit beaucoup en ce moment dans le secteur hydrique, avec sa population de plus de 1,7 milliard d’habitants ; les recherches pour trouver de nouvelles sources d’eau s’effectuent de concert avec la construction d’implantations spécifiques, destinées à la distribution et l’épuration”. Bansal a ensuite ajouté : “Le gouvernement de la Nouvelle Delhi caresse le projet d’augmenter de 20% l’efficacité des systèmes d’irrigation en l’espace de cinq années, projet qui va de paire avec un renforcement des capacités technologiques de la productivité agricole”. “Toutes les activités concernant l’eau et son utilisation”, a poursuivi le ministre indien, “devront être abordées avec l’implication totale et complète de la population et des diverses entités collectives locales, de manière à responsabiliser également les utilisateurs quant à l’usage correct de cette précieuse ressource”.

L’eau représente de fait un bien de plus en plus important sur le plan stratégique, au vu de ce qui se passe dans le monde actuel où la consommation par tête d’habitant a doublé depuis le début du XXe siècle, avec un maximum de quelque 1700 m3 par habitant aux États-Unis.

Dans le monde, il y a environ 1.400 millions de km3 d’eau, dont 96% se trouvent dans les océans; seule une petite partie est constituée d’eau douce, dont 1,74% est immobilisée dans les glaces et 1,7% dans les nappes phréatiques souterraines ; par conséquent, moins d’1% de l’eau douce se trouve dans les fleuves et les lacs de surface. En 2000, l’ONU avait fixé huit objectifs de développement mondial ; parmi ceux-ci, il y avait la volonté de réduire, dans la mesure du possible, la part de la population mondiale sans accès à l’eau potable.

Derrière ces aspects purement humains de l’utilisation de l’or bleu, il y a les intérêts de ceux qui veulent contrôler cette richesse et s’en accaparer comme c’est déjà le cas pour le pétrole.

Carlos Pareyra Mele, analyste argentin et expert ès géopolitique de l’Amérique latine, soutient la thèse que depuis le milieu des années 80 du XXe siècle, l’eau est devenue un objectif considéré comme stratégique par les gouvernements américains qui la camouflent généralement derrière un discours sur la “biodiversité”. En 2004, toujours selon cet expert argentin, le journal The Guardian a rendu public un rapport secret d’un conseiller du Pentagone, A. Marshall, dans lequel ce dernier avertissait les autorités américaines que, vu le réchauffement climatique, l’eau deviendra bien vite une matière première précieuse, dont il faudra nécessairement s’assurer le contrôle, du moins de ses sources les plus importantes.

Or c’est justement le continent sud-américain qui recèle les plus grands bassins d’eau douce du monde, avec 25% du total de la planète entière. Cette masse hydrique pourrait fort bien attirer l’attention de la superpuissance américaine qui chercherait alors à contrôler, pour son compte propre, cette énorme masse d’eau douce disponible, soit par le biais de ses seules multinationales soit en organisant la déstabilisation politique des États latino-américains. Ce qui ne serait pas nouveau même si aujourd’hui de telles manigances semblent moins probables qu’aux temps jadis. L’Amérique du Sud cherche depuis deux bonnes décennies à sortir le plus rapidement possible de son statut d’“arrière-cours” des États-Unis ; ceux-ci s’étaient substitués à l’Angleterre et avaient pillé à grande échelle les immenses richesses naturelles de ce continent. Cependant, les Sud-Américains ne doivent pas baisser la garde, comme d’ailleurs personne sur cette planète ne doit la baisser, parce que ce qui est en jeu, ce sont les matières premières et les richesses naturelles. Soyons-en sûrs, elles attireront l’attention de Washington et de ses alliés. Face à leurs manœuvres, il s’agira de ne pas être désarmé.

► Federico Dal Cortivo, Rinascita, 28 octobre 2011.

 

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Russie / Inde : énergie nucléaire et clairvoyance géopolitique

La Russie est favorable à un siège indien au Conseil de Sécurité de l’ONU

IndeLe chef du Kremlin, Dimitri Medvedev s’est rendu récemment à Nouvelle Delhi pour une visite de quelques jours durant lesquels, disent les sources gouvernementales indiennes, les partenaires russes et indiens signeront de nombreux contrats, pour une valeur totale de 30 milliards de dollars, surtout dans les domaines de la défense et de l’énergie nucléaire.

La Russie et l’Inde ont conclu divers accords relatifs à la construction de deux réacteurs nucléaires de technologie russe, qui seront installés dans l’État de Tamil Nadu. Le porte-paroles du ministère indien des affaires étrangères, Vishnu Prakash, a déclaré « qu’il ne s’agissait pas d’un simple accord commercial, car les parties contractantes cherchent à développer des projets liés à la recherche, au développement et à la production commune ». Le ministre des affaires étrangères indien, S. M. Krishna, a indiqué que, parmi les thèmes inscrits à l’ordre du jour, il y a également la lutte contre le terrorisme et la situation dans la région actuellement en ébullition, à cheval sur l’Afghanistan et le Pakistan.

Sur le plan plus strictement politique, une nouveauté émerge, qui était déjà dans l’air : la Russie, désormais, est entièrement favorable à un siège indien permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU. Medvedev, à la fin d’une cérémonie tenue à l’occasion de la signature de onze accords et memoranda bilatéraux, a déclaré que « l’Inde mérite pleinement d’être candidate à un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, dès que l’on aura pris la décision de réformer cet organisme ».

La visite de Medvedev en Inde coïncide avec le dixième anniversaire de la Déclaration de Delhi, qui avait consacré le partenariat stratégique entre les deux pays. Une période pendant laquelle « les liens entre les deux États ont permis d’atteindre de nouveaux stades, y compris sur le plan des principes », a dit Aleksandr Kadakin, ambassadeur russe en Inde. Les liens ont sextuplé en l’espace d’une décennie et le niveau désormais atteint par les échanges économico-commerciaux est notable. Cette fois-ci, cependant, le bond en avant ne doit être attribué aux échanges de matières premières mais à toutes les innovations qu’autorise une coopération accrue.

Les exportations russes consistent principalement en armes de haute technologie, à des infrastructures destinées au lancement de satellites et à des équipements pour centrales atomiques. Les projets de haute technologie, comme celui des avions de chasse de la cinquième génération ou celui du système de navigation satellitaire Glonass, sont le fruit de recherches conjointes entre Russes et Indiens. À cela s’ajoute un accroissement de la coopération entre les deux pays en matière de recherche spatiale, notamment de projets lunaires, de missions spatiales habitées et d’un satellite baptisé « Youth Sat ». Tous ces projets ne sont que les fleurons de la coopération industrielle entre Nouvelle Delhi et Moscou.

► Pietro Fiocchi, Rinascita, 22 décembre 2010.

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Russie / Inde : projets militaires communs

L’Inde est prête à acquérir entre 250 et 300 chasseurs de la cinquième génération et à les coproduire avec la Russie. L’armée indienne achètera également 45 avions de transport russes. Cette décision a été prise suite à la visite en Inde du ministre russe de la défense, Anatoly Serdioukov. Dans les dix prochaines années, la coopération militaire russo-indienne visera la réalisation de ces deux projets : réorganiser et moderniser la chasse de l’aviation militaire indienne et doter celle-ci de bons avions de transport.

Le chasseur de cinquième génération ne sera pas une pure et simple copie du Sukhoi T-50 déjà existant, mais visera la création d’un appareil entièrement nouveau, dont le prix unitaire sera d’environ 100 millions de dollars. La valeur totale du marché est donc d’à peu près 30 milliards de dollars. Moscou et New Delhi programment également la construction de chasseurs monoplaces et biplaces pour 2015-2016, dont le coût de recherche et de réalisation sera partagé à parts égales entre les 2 pays.

Le ministre indien A. K. Antony, lors d’une conférence de presse tenue avec son collègue russe, a confirmé le marché et les intentions des deux pays en matière de technologies aéronautiques et militaires. Il a déclaré : « L’Inde recevra entre 250 et 300 FGFA (Fifth Generation Fighter Aircraft).Nous avons donc deux projets en commun pour les dix prochaines années, ce qui démontre que la collaboration entre l’Inde et la Russie est optimale ».

New Delhi cherche aussi à acquérir deux appareils A-50, équipés d’un système Falcon de localisation radar, produit en Israël. De son côté, Moscou espère pouvoir convaincre les Indiens d’acheter russe quand ils rénoveront, comme ils le prévoient, leur arsenal d’hélicoptères (197 unités) et d’autres avions (126 unités). Si les Indiens choisissent les MIG-35 et KA-226 russes, l’affaire rapportera une somme supplémentaire de 10,75 milliards de dollars au complexe militaro-industriel russe.

► Andrea Perrone, Rinascita, 8 octobre 2010.  

 

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L’Inde, nouvelle puissance maritime

Réflexions sur la construction du nouveau porte-avions de la marine indienne

L’Inde possède des porte-avions depuis 1961. Jusqu’à présent, les porte-avions qui servaient dans la marine indienne étaient des bâtiments britanniques déclassés. Auxquels s’ajoutait une unité achetée à la Russie, que les Indiens n’ont cessé de transformer au fil des ans. L’Inde vient de franchir un pas décisif, en cherchant, pour l’avenir, à se rendre totalement indépendante de toutes fournitures étrangères.

Le 28 février dernier, dans les chantiers navals “Cochin Shipyard”, la construction du premier porte-avions indien à part entière a commencé officiellement. Ce nouveau bâtiment de 40.000 tonnes n’a que la moitié des dimensions que présentent les super-porte-avions américains mais il a le double des dimensions des petits porte-avions pour appareils à décollage vertical qu’utilisent les marines britannique, espagnole, italienne et thaïlandaise. Pour respecter la tradition, les autorités navales indiennes ont décidé de donner à ce nouveau bâtiment de guerre le nom que portait le tout premier porte-avions indien : “Vikrant”.

Le navire aura une longueur de 260 m et une largeur de 60 m. Sa vitesse maximale sera de 28 noeuds. Il emportera une escadrille de trente aéronefs. On prévoit d’y inclure des Mig 29, appareils très performants, en versions chasseur-intercepteur et chasseur-bombardier, et des hélicoptères KA 31, deux armes de fabrication russe, de même que de futurs appareils indiens, encore à développer et à construire, décrits comme “Light Combat Aircraft” (avion léger de combat). L’Inde poursuivait depuis longtemps déjà le projet de construire en Inde même un porte-avions. L’ouvrage spécialisé “Weyers” avait évoqué pour la première fois ces efforts dans son édition de 1986. Mais ce ne fut qu’en 2003 que le gouvernement libéra les crédits nécessaires. À partir de 2005, les usines indiennes commencent à fabriquer certaines parties du porte-avions, que l’on assemble aujourd’hui dans les chantiers navals à grande vitesse. Le lancement est prévu pour 2010 et la marine pourra rendre le bâtiment opérationnel en 2014. Certains “experts” anonymes en Occident doutent que l’Inde pourra tenir les délais, vu que “Cochin Shipyard” n’a construit jusqu’ici que de grands navires de commerce. Les chantiers navals indiens ont toutefois pu rassembler assez d’expériences en matière de porte-avions entre 1994 et 2001, période où le “Viraat”, l’ancien bâtiment britannique “Hermès”, a cessé d’être à la pointe de la technologie. Pour parachever la construction de ce bâtiment, les Indiens ont fait appel à des constructeurs de navires de guerre italiens et russes. Mais elle a refusé les offres des Américains, qui voulaient lui laisser l’un de leurs anciens super-porte-avions. L’Inde prouve ainsi qu’elle n’entend pas entrer dans un jeu de dépendance.

Pour la réalisation du programme de construction de ses forces navales, l’Inde a coopéré jusqu’ici avec l’Allemagne (pour les sous-marins), avec la Grande-Bretagne (pour les porte-avions et les frégates) et avec la Russie (porte-avions, destroyers, frégates et sous-marins) et aussi, plus récemment, avec la France (sous-marins). Entre 2001 et 2012, les anciens chantiers navals de Schichau, à Königsberg en Prusse orientale, construiront trois frégates lance-missiles modernes pour la marine indienne.

Il est fort possible que la marine indienne envisage la construction d’un second porte-avions, sur le modèle du “Vikrant”, de façon à ce que trois porte-avions indiens puissent faire valoir les intérêts du pays qui entend bien devenir davantage qu’une simple puissance régionale, facteur d’ordre.

► Anton Schmitt, zur Zeit n°11/2009. (tr. fr. : RS)

 

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