La fascination qu'exerce le monde japonais sur les esprits anglo-saxons est assez extraordinaire, surtout depuis une bonne dizaine d'années. Mais les “japonaiseries” américaines et anglaises ne sont pas toutes de mauvaise qualité. Au contraire : c'est en lisant des ouvrages en langue anglaise, ou des traductions du japonais adaptées à un public occidental, que nous parvenons à saisir l'extrême complexité de cette culture japonaise. Les éditions Kegan Paul de Londres sortiront en février 1995, un ouvrage consacré au Kendo de Minoru Kiyota, professeur d'études bouddhiques à l'Université de Wisconsin et maître de Kendo. Cet ouvrage magistral décrit la discipline du manieur d'épée, telle que l'ont cultivée les samouraïs dans le Japon médiéval et pré-moderne. Il souligne aussi la pertinence de cette discipline aujourd'hui, où elle peut devenir un moyen de renforcer sa propre personnalité par une culture constante du corps et de l'esprit. Littéralement, “Kendo” signifie “la voie de l'épée”. Lorsque les samouraïs se faisaient face, brandissaient et faisaient tournoyer leurs épées, la peur les saisissait inévitablement. Mais quelle était la source de cette peur ? Ce n'était pas l'adversaire, ni l'épée de l'adversaire. La peur naît à l'intérieur de soi-même. Pour vaincre un adversaire, il faut d'abord vaincre l'ego qui est en soi. La conquête de l'ego produit le mushin, terme bouddhique principalement en usage dans le Zen. Le mushin fait référence à un état altéré de la conscience, qui distingue le Kendo du sport, car il requiert la méditation. Le but premier du Kendo est d'intérioriser le défi en imposant une discipline qui suscite la persévérance, l'état d'alerte et la concentration. Le Kendo n'est pas simplement un art d'auto-défense ; son objectif est de créer une nouvelle configuration humaine. L'ouvrage du Prof. Minoru Kiyota décrit l'infrastructure philosophique bouddhique du Kendo, l'histoire et l'évolution de l'art de manier l'épée, sa réception dans le bushido. Enfin, il n'oublie pas de montrer quel est l'intérêt pratique du Kendo dans le monde actuel, non traditionnel et désenchanté.
Les militaires, les praticiens d'arts martiaux asiatiques, les traditionalistes qui sont conscients de l'importance primordiale de la méditation liront bien sûr ce livre avec intérêt. Nous sommes sûrs que la chaire de professeur d'études bouddhiques dans le Wisconsin, qu'occupe Minoru Kiyota, aura des retombées pratiques dans les écoles d'officiers américains et dans la pratique des grandes firmes d'Outre-Atlantique. Alors, pourquoi pas en Europe ?
♦ Minoru KIOTA, Kendo : Its Philosophy, History and Means to Personal Growth, Kegan Paul International, London, 1995, 200 p.
► Jean de Bussac, Nouvelles de Synergies Européennes n°5, 1994.
• Recension : J.D. Cauhepe & A. Kuang, Les arts martiaux intériorisés ou l’Aïkido de la sagesse (2 tomes), Guy Tredaniel / éd. de la Maisnie, Paris, 1984.
Pour la plupart de nos contemporains, la pratique des sports de combat se confond trop souvent avec celle des arts martiaux. Dans une période de totale confusion des valeurs, il est absolument normal que cette confusion existe. Mais pour qui veut se donner la peine de comprendre au-delà des apparences, il apparaît très vite que l’art martial est beaucoup plus qu’un ensemble de techniques de combat. La recherche d’une “voie” traditionnelle, que les traditions ont longtemps conservé comme un chemin difficile mais privilégié de la connaissance de soi et du cosmos (tant en Extrême-Orient qu’en Europe), n’a en réalité rien à voir avec ces spectacles désolants qu’offrent aujourd’hui les centres de judo et autres résidus d’une très ancienne tradition.
Reprenant à la lettre le principe énoncé, entre autres, par Goethe, “Au commencement était l’action”, les arts martiaux sont au fond une recherche patiente des valeurs essentielles de la philosophie. En intitulant leur ouvrage, L’Aïkido de la sagesse, les auteurs ont voulu nous aider à approfondir les arcanes de cette “action”, aujourd’hui enfouie dans nos mémoires. Pour le fondateur de l’Aïkido, Maître Morihei Uyeshiba, il s’agit beaucoup plus de la voie vers l’harmonie et la sagesse, l’unité de l’être accompli, que de simples techniques de combat. Pourtant, il est normal, comme dans toute voie traditionnelle, que l’on refuse ce dualisme entre la pensée et l’action. L’âme et le corps sont indissolublement liés et le corps est un élément aussi important que le spirituel dans l’unité de l’être.
La dévalorisation du corps charnel, et de l’action qu’elle entraîne, est, on le sait, un des traits marquants des religions monothéistes. Pour celui ou celle qui pratique des arts martiaux, il n’y a pas de dichotomie entre les deux mais, tout au contraire, circulation et harmonie. Ce mouvement fluide et continu, pareil au devenir héraclitéen, est le fondement de la “Voie”. Par ailleurs, il n’est pas question pour l’Européen de se “déguiser” en Oriental en dirigeant sa recherche vers une pratique étrangère. Pour le Dr. Warcollier, qui préface l’ouvrage, il s’agit pour chacun d’un réenracinement dans sa propre tradition. Il écrit : « L’Aïkido est une voie sociale et culturelle ». Il confirme par avance ce qu’écrivent quelques pages plus loin nos auteurs : « Une Voie n’acquiert sa puissance particulière que par son incarnation, ses racines dans une terre et une place dans la tradition ». Pour un Européen, la recherche de la voie ne peut pas se concevoir hors de sa culture, de ses valeurs traditionnelles. Si l’Occident vide toute possibilité de retrouver cette voie, par ses valeurs cosmopolites et universalistes, l’Européen qui a réussi à renverser loin de lui tout ce fatras de la civilisation bourgeoise, peut s’appuyer sur la pratique d’une voie pour rétablir cette unité et cet équilibre indispensable à toute santé spirituelle. La “Grande Santé” est très indispensable à une restauration de l’homme européen.
On ne lira pas ce livre comme une pure réflexion sur les principes de la voie, mais comme un ouvrage pratique. Le second tome surtout, intitulé Le jeu des énergies, donne au lecteur un ensemble de conseils pratiques (respiratoires, gestuels et sonores) nécessaires à tout pratiquant sérieux. L’Occident a intégré dans son paysage mental les arts martiaux. En d’autres termes, il a vidé la “voie” en en faisant un “sport de combat”. Une question nous reste : que peut bien contenir une coquille vide ? Pour notre part, notre réponse est claire : rien…
► Ange Sampieru, Vouloir n°11-12, 1984.
Pour nos contemporains, coupés de toute référence spirituelle, les arts martiaux sont perçus sous leur aspect profane et matériel, comme des disciplines sportives vouées à l’obtention de titres et de médailles, voire de primes.
[Ci-contre : Anzawa Sensei, 1887-1970 : « Il ne s'agit pas de viser une cible extérieure, mais l'archer et la cible sont unis, on intègre la cible à soi-même. Il faut oublier l'arc qui tire, oublier soi-même, ne faire qu'un avec l'arc et la cible, tendre vers l'infini sans en connaître le point d'aboutissement... »]
Une mauvaise littérature et le cinéma, notamment les films de Bruce Lee et de Jacky Chan, n’ont fait que renforcer cet aspect perverti et dégénéré des arts martiaux. On atteint le fond de l’abîme avec les arts martiaux tels qu’ils sont pratiqués par les “jeunes” de banlieue qui les instrumentalisent en vue de régler leurs comptes entre bandes raciales rivales, ou les utilisent contre la police et les autochtones. C’est alors l’aspect le plus inférieur de ces arts qui domine, mettant en jeu des forces dissolvantes et entraînant le déséquilibre psychique de l’individu, tout en lui interdisant une saine réalisation spirituelle. Ce qui explique bien des choses quant aux comportements déréglés de certains “jeunes”. Il va sans dire que les arts martiaux sont bien autre chose, et avant tout une spiritualité ou une philosophie qui détermine et guide un ensemble de pratiques, assorties d’un strict rituel, visant certes le combat et l’offensive — la défense plus que l’attaque —, mais aussi, et surtout, la lutte contre soi-même, ses instincts et passions qu’il convient de soumettre afin de réaliser la plénitude de son être en le mettant en harmonie avec le Tout. Des maîtres, comme Awa Kenzo, Funokoshi Gichin, Eugen Herrigel ou Michel Random, ont parfaitement rendu compte du phénomène.
Quelques rappels historiques
Les arts martiaux accompagnent la naissance de l’ethnoculture nippone. Les troubles permanents qui agitèrent le Japon durant des siècles furent propices à leur développement et à leur perfectionnement, dont l’apogée se situe entre 1600 et 1867 [période Edo], époque où le Japon est fermé à tout contact étranger. Une multitude d’écoles ou ryu se constituent et pratiquent toutes sortes de techniques ou jutsu, sans cesse perfectionnées, alors qu’en naissent de nouvelles. Si la “voie du sabre” (kendo ou ken jutsu) et la “voie du cheval” (bado ou joba jutsu) sont issues de l’art guerrier des samuraï et des bushi (guerriers), beaucoup d’autres “voies” sont issues des monastères — d’où leur forte spiritualisation — dont les membres, désarmés, devaient disposer des modes de défense, si possible sans verser le sang. Il s’agissait de neutraliser l’adversaire sans le tuer. Ainsi naquirent l’aïkido, “voie du souffle”, le karatedo, “voie de la main vide”, le judo, “voie de la souplesse”, le jōdō, “voie du bâton”, etc. Avec l’avènement de l’Ère Meiji (1868), la caste guerrière, à laquelle le port du sabre fut interdit, perd ses prérogatives. Les arts martiaux y perdent leurs spécificités des origines et se laïcisent. Ils prennent le nom de budo, “voie des arts guerriers” et se rattachent à l’enseignement traditionnel d’autres “voies”, comme le kado [ou ikebana], “voie des fleurs”, le shodo, “voie de la calligraphie”, etc., la pratique de ces “voies” visant à développer au maximum les potentialités de l’homme pour que celui-ci devienne “l’homme parfait” ou “l’homme total” des traditions chinoise et japonaise.
L’enseignement
À l’origine, celui-ci relève du secret, auquel seul un petit groupe, parfois une seule personne, choisis par le maître, avait accès. Aujourd’hui encore, certains maîtres nippons qui enseignent un art réellement traditionnel, refusent qu’un non-initié assiste l’entraînement. Ces restrictions s’expliquent par le haut degré de spiritualité et la nature “dangereuse” que renferme la “voie”, dont le contenu ne pourrait être assimilé et utilisé à bon escient par le commun. Notons que cet enseignement, qui relève de “l’inexprimable”, se fait par le non-enseignement, la transmission du “cœur à cœur” [ishinn-denshinn], le maître n’expliquant jamais les règles. De ce fait, la tradition ne se fige pas en un système dogmatique et évite que l’expérience acquise ne tombe dans le domaine profane. C’est au pratiquant, par ses efforts, son intelligence et son intuition intime, de parvenir à son plus haut degré de réalisation. Cet enseignement passe par deux pratiques : le randori ou exercice libre, qui éprouve les techniques, et le kata ou forme, qui étudie la forme du mouvement, les déséquilibres et sert à éliminer les formes parasites et fausses. Selon leur nature, les arts martiaux comprennent un nombre variable de kata, dont la pratique a un caractère spirituel, visant à la fois à la mise en valeur de la beauté du geste et à bien montrer que l’élève a assimilé correctement la maîtrise spirituelle et pratique de la “voie”. Toutefois, nous pouvons retenir le kata des cinq principes ou itsutsu no kata, le plus courant, qui se décompose en cinq points : la concentration d’énergie et l’action ; la réaction, et la non-résistance ; le cycle du cercle et du tourbillon (forces centrifuge et centripète) ; l’alternance (flux et reflux) ; le vide et l’inertie. Tous les kata, dont la pratique et les rituels se suivent selon une progression rigoureuse et sur le long terme, sont le résultat d’expériences séculaires. Tous leurs gestes ont été sélectionnés et éprouvés afin de parvenir à une forme parfaite, vraie, pure et belle, donnant à la “voie” une “tenue” et une réalisation stable et harmonieuse. Leur but, à l’instar de tout enseignement traditionnel, est de permettre à l’homme de se connaître : en se connaissant lui-même, l’homme connaît son essence, centre de son être, et c’est alors qu’il “connaît son Seigneur”. Il appréhende, par le franchissement d’étapes d’un cheminement spirituel vers l’infini, toutes choses dans la suprême unicité du Principe divin premier. L’homme a dompté le tigre.
Trois arts martiaux
Toutes les voies martiales possèdent leurs propres kata, lesquels renvoient à autant de parcours spirituels permettant à la “voie” de fournir à l’élève une réalisation totale et équilibrée de son être intime. Cette perfection atteinte, l’homme ne fera plus qu’un avec la “voie” choisie, ses contenus et le Principe divin qu’il aura intégré dans son intériorité. Afin de limiter nos propos, nous aborderons ici, sans entrer dans les détails, trois “voies” [emblématiques du kobudō] que l’auteur de ces lignes connaît bien :
◊ Le Iaïdo ou Saya no Uchi, “voie de l’art de tirer le sabre” ou “voie du sabre au fourreau”. Il correspond à une nécessité vitale : défendre sa vie par la rapidité de dégainer le sabre ou katana, tout en le maîtrisant parfaitement. Sa finalité spirituelle est fondamentale : elle n’est pas de tuer l’ennemi, mais plutôt de dominer son “moi” ou “couper son ego”, afin que le conflit prenne fin, sans même avoir eu besoin de dégainer. Arme de mort, le sabre devient arme de vie et donne au pratiquant le moyen d’atteindre l’unification des tendances intimes de l’être et de les recentrer au point fixe de la “roue de vie”, le “vide” parfait où l’agir ne peut se faire que par le non-agir [mushin no shin]. Le “moi” vaincu et l’homme étant désormais insensible à la giration de la “roue”, l’être n’est plus agité par aucune passion et plus aucun événement ne saurait le troubler et le vaincre. Il est “l’Arbre de Vie”, le pivot immobile et pourtant agissant.
◊ Le kyudo, “voie de l’arc et de la flèche”. La philosophie du kyudo repose sur la lutte de l’archer avec lui-même : les obstacles transpercés sont ses imperfections et ses passions, le but à atteindre, le centre de la cible, étant son Soi. L’archer s’identifie à l’arc, son Soi à la flèche et la cible, avec laquelle le tireur doit s’unir par la flèche, le Principe divin. La parfaite réussite de l’opération implique que l’archer fasse le vide intérieur ou le “parfait silence”, en détachant son esprit du “pourquoi” et du “comment”, et en se concentrant sur les forces des mondes corporel, psychique et spirituel, afin de vibrer à l’unisson avec l’Univers. « Lorsque l’arc est tendu, il inclut le Tout », notait maître Awa. Une parfaite concentration de l’archer doit amener celui-ci à s’accorder parfaitement avec son arc et à s’identifier avec la flèche, non avec la cible. Au moment du tir, l’archer “devient” en esprit le projectile qui atteint la cible. L’union de l’esprit et de la flèche doit être complète. Si des pensées parasites subsistent, l’archer-flèche ratera la cible, et l’harmonie du Ciel, de l’Homme et de la Terre sera rompu. Rappelons que dans le kyudo, la flèche est assimilée à “l’Axe du Monde” en projection horizontale, que parcourt et assimile l’archer.
◊ Le kendo, “voie du sabre”. C’est la voie du katana dégainé en vue d’aboutir à la maîtrise des pulsions et des événement issus du monde extérieur. Jadis, le sabre était considérée comme dotée d’une “âme” — conception qu’on retrouve au sein du Moyen Âge européen et qui devait être manié avec respect. Lien entre le Ciel et la Terre : la forge de la lame était soumise à un rituel complexe et religieux où se combinaient le métal (le monde inférieur), le feu, l’eau, l’argile et le bois, les cinq éléments de l’Univers ; le but étant la mise en communication, par la maîtrise de ces éléments, des forces inférieures et supérieures, afin de les “muer” en une œuvre bénéfique. Qu’il soit pratiqué avec un vrai sabre ou un substitut en bambou, le shinaï, le kendo se pratique à deux (les deux mondes antinomiques ou forces contraires) et le but reste identique. L’adversaire représente un autre soi-même, mais pourvu de ses imperfections et passions paralysantes que l’adversaire doit, non tuer, mais maîtriser et canaliser afin de les orienter positivement. Pour ce faire, l’homme, image vivante du pivot cosmique, doit “replier son esprit”, faire la paix avec lui-même, évacuer les passions mauvaises et centrer ses énergies positives au cœur de son être. Armé du sabre, “Axe du Monde” et prolongement de l’âme du pratiquant, celui-ci “attaquera” son adversaire afin de mettre en conformité son être unifié avec, à la fois, son “double” dont on détruit les passions afin de le réintégrer, et la totalité de l’Univers, “l’âme” du monde. D’où les coups portés à la tête (manifestation de l’esprit divin) et au cou (communication de l’âme avec le corps).
► Bernard Marillier, Réfléchir & agir n°15, 2003.
Petite bibliographie :
Dans une scène du film Les Sept Samouraïs (Akira Kurosawa, 1954), le samouraï Kyuzo (Seiji Miyaguchi) s'exerce seul dans la forêt au iai-jutsu, technique pour dégainer et riposter d'un seul geste. Complémentaire du ken-jutsu (manière d'utiliser le sabre lorsqu'il est déjà sorti du fourreau [saya], autrement dit style d'escrime), cette technique permettait aux plus habiles, par sa rapidité et son efficacité, d'abréger un combat souvent épuisant et à l'issue incertaine. Toutefois la répétition épurée du geste ne consiste pas seulement à faire de l'arme un prolongement du corps en maintenant l'âme en paix (heijôshin), elle ritualise une spiritualité guerrière (influence du zen) où vie et mort, vide et plein, instant et éternité ne font plus qu'un dans une même quête de perfection qui est en même temps discipline de vie. On retrouve cette éthique chevaleresque dans le iaidō (prononcer iaïdo), anciennement appelé bâtto-jutsu (formalisé par Hayashizaki Shigenobu au début du XVIIe siècle).
Cet art martial japonais a pour objectif la maîtrise parfaite du sabre (katana) dans l'art de dégainer et de couper un adversaire, en un seul et même geste décisif pour tout combat, ce qui va de pair avec une concentration intense. Il consiste à être le plus souvent seul face à soi même, avec un véritable sabre à la ceinture (obi) et pratiquer les différents katas (formes codifiées de combat) a pour but de développer une gestuelle parfaite, efficace certes, mais aussi afin qu'elle devienne fluide, instinctive [tai chi tai bun] et en harmonie. L’action doit avoir lieu durant l’expiration et si possible durant l’inspiration de l’adversaire, moment où il est le plus vulnérable. Elle vit et meurt dans l'instant.
Il ne s'agit pas pour autant d'une pratique barbare, mais bien au contraire d'un art raffiné : il traduit le long cheminement d'un combat contre soi-même, sans que le pratiquant oublie un instant l'origine de son art, au risque de le vider de sa substance. Entre efficacité du geste et interprétation, le iaidō s'affiche pleinement comme un art certes, mais un art martial, dont l'étymologie indiqué aussi par le "do" final qu'il s'agit d'une voie (valeurs) et non pas seulement d'une technique (jutsu). Recherche du juste geste au juste moment, cet art permet donc d'accorder corps et esprit et ainsi de supprimer son ego. L'implication totale exigée par cette pratique est encadré par un code de conduite rigoureux, attentif à maintenir l'étiquette (reigi) entendue comme courtoisie bienveillante, prévenance.