Gérard A. Montifroy : entre géopolitique et métapolitique
Gérard A Montifroy (né en 1943) a enseigné la Géographie politique à l’Université de Montréal et au Département de Géographie de l’Université du Québec à Montréal.
Éléments biographiques
Ancien auditeur de l’École Pratique des Hautes Études, Gérard A. Montifroy est professeur de sciences politiques et de géographie à l’Université du Québec (Montréal) ; il a également enseigné la stratégie et la géopolitique au Collège Militaire Royal de Saint-Jean. Membre de plusieurs associations et fondations œuvrant dans ce domaine d’activité et consultant international (Dr de SIGGIS Inc.), il est régulièrement associé aux travaux des divers think tanks qui quadrillent le territoire des États-Unis. Enfin G. A. Montifroy apporte sa collaboration à des revues québecoises comme L’Analyste, ou encore Politique, ainsi qu’au trimestriel français Géopolitique.
Pensée géopolitique
Bien que la bibliographie de G. A. Montifroy contienne des études géopolitiques pointues, les ouvrages diffusés dans l’ensemble de l'espace francophone relèvent de la vulgarisation. Une analyse d'abord classique du conflit Est-Ouest et du gorbatchévisme — anti-communisme et solidarité occidentale — lui permet d’initier le lecteur à la géopolitique, avec force références à Karl Haushofer et Jordis von Lohausen notamment, le tout dûment complété de citations d’Oswald Spengler. Le conflit Est-Ouest clos, G. A. Montifroy développe une critique de fond des États-Unis, de la polarité “démonie de l’économie / moralisme des droits de l’homme” et des pathologies sociales propres à la civilisation occidentale (individualisme narcissique et dissolution du lien social). Pour ce faire, il reprend à son compte la distinction opérée par Guglielmo Ferrero entre civilisations qualitatives et civilisations quantitatives. Sont cités Nouvelle École, Éléments et Vouloir, ainsi qu’une pléiade d’auteurs qui nous sont familiers comme René Guénon, Julius Evola, Thomas Molnar et bien d’autres. G. A. Montifroy se réfère aussi aux héritiers de Nicolas Machiavel et “fracasseurs d’illusions” que sont Gustave Le Bon, Jules Monnerot, Carl Schmitt et Julien Freund. Bref, pour mener à bien sa critique de l’occidentalisme, dans un contexte intellectuel appauvri par l’axiomatique de l’intérêt et la “political correctness”, il puise aux sources idéologiques des révolutionnaires-conservateurs européens. Ce faisant, G. A. Montifroy s’élève de la géopolitique à la métapolitique. Tête de pont des “nouvelles droites” européennes Outre-Atlantique, dans l’Amérique du Nord de langue française, il contribue au renouvellement des représentations du monde de ses compatriotes québecois. Ce qui nous ramène aux problématiques pouvoirs-territoires. Puisse cette entreprise de longue haleine déboucher sur une géopolitique du Québec libre.
► Louis Sorel, Vouloir n°137/141, 1997.
• Éléments bibliographiques :
♦ Aux Éditions L’Âge d’Homme :
♦ Aux Éditions Frison-Roche :
♦ aux Éditions Béliveau :
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• Pour prolonger :
« Un regard canadien sur les cultures, les identités et la géopolitique » (Georges Feltin-Tracol)