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CG Jung
La psychologie jungienne face à la figure d'Odin
Horst Obleser, psychiatre d'obédience jungienne, a sorti en 1993 un ouvrage entièrement consacré à Odin, le dieu dont personne ne sait où il va ni qui il est. Muni d'une longue lance, le doigt orné d'un superbe anneau d'or magnifiquement décoré, un corbeau perché sur son épaule, un autre corvidé évoluant au-dessus de lui, flanqué de deux loups gris foncé, chevauchant un destrier fabuleux à 8 pattes, il est le dieu de l'errance, du savoir et des guerriers. Il voit et sait tout. S'exprime exclusivement en vers. Ne boit que du vin ou de l'hydromel. Cette description épuise quasiment tout ce que les sources nous ont appris de ce dieu. C'est peu de choses. L'Europe centrale germanique est donc dépourvue d'un corpus mythologique élaboré, à la façon des traditions avestique ou védique. L'Europe germanique est donc mutilée sur les plans mythologique et psychique.
Thérapeute, Horst Obleser le déplore, surtout dans le domaine de l'éducation : l'enfant germanique, contrairement à l'enfant indien par ex., n'est pas plongé dans un corpus d'histoires et d'images “orientantes”, qui lui expliquent l'agencement du monde, par le biais de contes et d'histoires, et le console, le cas échéant, quand il doit faire face aux déchirements et aux affres de l'existence. Il ne reste aux peuples germaniques qu'un rationalisme superficiel, dérivé du christianisme, dont ils ne comprennent guère les sources mythologiques proche-orientales, nées sur un territoire à la géologie, la faune et la flore très différentes. À l'heure actuelle, les images artificielles répandues par les médias se superposent à ce rationalisme christianomorphe lacunaire, interdisant à nos enfants de posséder in imo pectore des images et des références mythiques issues d'une psyché et d'un inconscient propres. Consolations et rêves ne dérivent pas de contes et de symboles transmis depuis de longues générations et surtout issus de la terre occupée depuis toujours par les ancêtres. Lacune qui doit mobiliser l'attention du thérapeute et l'induire à s'ouvrir aux recherches sur la mythologie. Obleser :
- « Nous vivons dans une culture qui est fortement imprégnée de pensée chrétienne, mais une pensée chrétienne qui est néanmoins traversée d'idéaux guerriers. Un esprit aventureux conquérant se profile graduellement derrière [notre culture christianisée], qui devrait nous permettre de nous identifier à des héros ou des héroïnes. Mais cet état de choses n'exclut pas le fait, qu'au contraire d'autres cultures, comme les cultures grecque, égyptienne, hébraïque, indienne ou persane, nous ne possédons plus que des mythes théogoniques et cosmogoniques très fragmentaires. (…)
- Dans l'espace germanique méridional, quasiment aucune tradition n'a survécu. Il nous reste la consolation qu'un mythe commun à tous les peuples germaniques n'a sans doute jamais existé. Les mythes germaniques ont sombré très profondément dans le passé, et sont en grande partie oubliés. À leur place, des images issues de la culture gréco-romaine, des mythes égyptiens ou, par l'intermédiaire de la christianisation, les mythes hébraïco-judaïques de la Bible, ont pris en nous un territoire psychique important. Sous toutes ces images étrangères, demeurent tapis les anciens mythes celtiques et germaniques, qu'il s'agit de redécouvrir » (p. 15-16).
Pourquoi ? Caprice de philologue, de chercheur, d'intellectuel ? Pire : lubie de psychiatre ? Non. Nécessité thérapeutique ! La fragilité psychique de l'Européen, et de l'Allemand en particulier, vient de ce MOI mutilé, nous enseigne CG Jung. Dans cette optique, Obleser écrit :- « Le caractère des Germains peut se décrire sur deux plans, à partir de ce que nous savons de la personnalité du dieu Odin : d'une part, nous trouvons “une virilité dure, violente, tournée vers elle-même” ; et, d'autre part, “une curieuse tendance oscillante” qui émerge tantôt dans l'individu tantôt dans le peuple tout entier ».
Et il poursuit :- « Ninck nous parle dans ce contexte d'une virilité héroïque qui se caractérise par la force, la puissance, la dureté, la capacité à résister à l'adversité, qui se conjugue au goût prononcé pour le combat, pour l'audace et pour l'action décidée en conditions extrêmes. À tout cela s'ajoute encore un désir prononcé de liberté et d'indépendance. Certes, ce sont là des qualités que l'on retrouve, de manière similaire ou non, dans d'autres peuples, chez qui importent aussi les capacités à mener la guerre et les batailles » (pp. 271-272).
Autre caractéristique germanique, que l'on retrouve chez Odin : la pulsion à errer et à voyager.- « Même chez les Celtes, proches parents des Germains, on ne retrouve pas cette pulsion exprimée de manière aussi claire. Le nombre impressionnant des Wanderlieder [Chants de randonnées, de voyage] dans la littérature ou le folklore allemands constitue autant d'expressions de cette pulsion, même s'ils ne sont plus qu'un souvenir terni de l'antique agitation perpétuelle des Germains. Cette facette essentielle de l'âme germanique a dû constituer une part importante de nos coutumes, qui s'est perpétuée dans les gildes d'artisans, et plus particulièrement chez les apprentis et les maîtres charpentiers, jusqu'à nos jours : l'apprenti, justement, doit pérégriner et passer un certain laps de temps à aller et venir à l'étranger. Ninck croit que le trait de caractère qui porte les peuples germaniques à pérégriner se répercute dans le langage quotidien, où l'on s'aperçoit des innombrables usages des mots “fahren” et “gehen” (…). Nos vies sont perçues comme des voyages, notamment quand nous parlons de “notre compagnon ou de notre compagne de route” (Lebensgefärhte, Lebengefärhtin) pour désigner notre époux ou notre épouse (…). L'importance accordée au mouvement dans la langue allemande se repère dans l'expression idiomatique “es geht mir gut” (je me porte bien) qui ne se dit pas du tout de la même façon en grec, où l'on utilise des vocables comme “avoir”, “souffrir”, “agir”, ni en latin, où l'on opte pour “être”, “avoir” ou “se passer” (…) » (p. 272).
Le substrat (ou l'adstrat) chrétien nous interdit donc de comprendre à fond cette propension à l'errance, le voyage, la pérégrination. Pour Obleser, seul le mystique médiéval Nicolas de Flues (Nikolaus von Flüe), renoue avec ces traits de caractère germaniques dans ses écrits. Il vivait en Suisse, à proximité du Lac des Quatre Cantons, entre 1417 et 1487. Il était paysan, juge et député de sa communauté rurale et montagnarde. À partir de sa cinquantième année, il s'est entièrement consacré à ses exercices religieux. Au cours desquels, il a eu une vision, celle du “pérégrin chantant” (Der singende Pilger). Dans mon “esprit” — dit Nicolas de Flues —, j'ai reçu la visite d'un pérégrin, coiffé d'un chapeau ample (attribut d'Odin), les épaules couvertes d'un manteau bleu ou gris foncé, venu du Levant. Derrière l'archétype de ce pérégrin, avatar médiéval d'Odin qui a réussi à percer la croûte du sur-moi chrétien, se profile aussi l'idéal de la quête du divin, propre à tous les mystiques d'hier et d'aujourd'hui. Ce pérégrin et cet idéal n'ont plus jamais laissé Nicolas de Flues en paix. La quête rend l'homme fébrile, lui ôte sa quiétude, lui inflige une souffrance indélébile. De plus, tout pérégrin est seul, livré à lui-même. Il fuit les conformismes. Il entre fréquemment en trance, terme par lequel il faut comprendre l'immersion dans la prière ou la méditation (le pérégrin de Nicolas de Flues prononce, sur le mode incantatoire, de longues séries d'“Allélouïa”, en arrivant et en repartant, indiquant de la sorte que sa méditation — et sa joie de méditer — se font en état de mobilité, de mouvance, comme Odin). Pour CG Jung, Odin est “ein alter Sturm- und Rauschgott”, un dieu ancien de la tempête (ou de l'assaut) et de l'ivresse (de l'effervescence). Pour Marie-Louise von Franz, la vision de Nicolas de Flues est une rencontre de l'homme germanique avec lui-même, avec l'image mythique de lui-même, que la christianisation lui a occultée : au tréfonds de sa personnalité, il est ce pérégrin, méditant et chantant, profond mais toujours sauvage, esseulé.Jung trace un parallèle entre cette pérégrination odinique (ou cette vision de Nicolas de Flues) et le mouvement de jeunesse Wandervogel (ou ses avatars ultérieurs tels les Nerother, grands voyageurs, la d.j.1.11 de l'inclassable Eberhard Köbel, surnommé “tusk” par les Lapons qu'il allait régulièrement visités, etc.). Ce n'est donc pas un hasard si la caractéristique majeure de ce mouvement de jeunesse spécifiquement allemand ait été le Wandern, la randonnée ou l'expédition lointaine vers des terres vierges (les Andes, l'Afrique pour un des frères Ölbermann, fondateurs des Nerother, la Nouvelle-Zemble arctique, la Laponie, etc.). Jung : « En randonnant inlassablement sur les routes, du Cap Nord à la Sicile, avec sac à dos et luth, ils étaient les fidèles serviteurs du dieu randonneur et vagabond ». Et Jung ajoute qu'Odin est aussi un dieu qui saisit, s'empare des hommes (ergriffen, Ergriffenheit), les entraîne dans sa magie tourbillonnante.
Obleser rappelle la christianisation de la Germanie païenne. Sous Charlemagne, les armées franques soumettent les Saxons, encore païens, par le fer et par le feu. Psychologiquement, il s'agit, dit Obleser (p. 280) d'une soumission de l'âme germanique au “sur-moi” de la dogmatique chrétienne. Ce qui a pour corollaire une propension exagérée à la soumission chez les Allemands, devenus incapables de reconnaître leur propre, leur identité profonde, derrière le filtre de ce pesant “sur-moi”. Une reconnaissance sereine de son “cœur profond” permet à tout un chacun, aussi au niveau collectif du peuple, d'intérioriser des forces, pour bâtir ses expériences ultérieures en toute positivité. L'histoire allemande est dès lors caractérisée par une non intériorisation, une non canalisation de ces forces particulières, qui font irruption et se gaspillent en pure perte, comme l'a démontré l'expérience tragique du IIIe Reich. Et comme le montre aussi la rage fébrile à faire du tourisme, y compris du tourisme de masse vulgaire, en notre époque triviale.
Charlemagne, après ses expéditions punitives en Saxe et en Westphalie, a toutefois fait codifier par ses scribes toutes les traditions germaniques, transmises auparavant par oral. Si nous avions pu conserver ces manuscrits, nous aurions pu reconstituer plus facilement cette psyché germanique, et guérir les travers d'une psychologie collective ébranlée et déséquilibrée. Louis le Pieux, malheureusement, ordonnera de brûler les manuscrits commandés par son prédécesseur. Ce geste fou de fanatique, déboussolé par une prêtraille écervelée, a laissé une blessure profonde en Europe. Les traditions centre-européennes, tant celtiques que germaniques, voire plus anciennes encore, ont été massivement évacuées, détruites, pour ne laisser que quelques bribes dans les traditions locales, qui évoquent un “chasseur nocturne”, chevauchant dans la tempête.
Les recherches actuelles permettent donc de définir Odin comme une divinité de l'énergie, mais une énergie qui était au départ contrôlée, dans le contexte originel païen. Les pulsions de mobilité, la dimension guerrière de l'âme germanique, la propension à la méditation visionnaire et fulgurante, personnifiées par Odin, étaient compensées par les forces plus tempérées de Thor, par l'intelligence créatrice (et parfois négative) de Loki, par l'intelligence équilibrée d'Hönir, par la fidélité de Heimdall, par les pulsions d'aimance voire les pulsions érotiques de Freya. L'ensemble de ce panthéon permettait une intégration complète de la personnalité germanique. Obleser :
- « Par la christianisation violente, le développement [de la personnalité populaire germanique] a subi une fracture aux lourdes conséquences, qui ne peut plus être guérie, et que ne peuvent compenser des visions comme celles de Nicolas de Flues. Par la christianisation, ce ne sont pas seulement des détails de nos mythes qui ont été perdus, mais surtout le lien direct au savoir ancien, auquel nous pouvons encore vaguement accéder, vaille que vaille, par des moyens détournés, mais que nous ne pouvons plus restituer. L'influence d'Odin et de ses actes sont évidemment des pierres constitutives de notre psyché, même si nous n'en sommes plus conscients. Il faut dès lors regretter que nous ne pouvons plus aujourd'hui les comprendre, les encadrer et les saisir, alors qu'elles nous ont insufflés des caractéristiques hautement dynamiques » (p. 294).
Bref, l'ouvrage d'un thérapeute, qui a compris, dans la tradition de Jung, que le paganisme n'est pas seulement une vision de l'esprit, un esthétisme infécond, mais une nécessité équilibrante pour la personnalité d'un peuple, quel qu'il soit.◊ Horst Obleser, Odin : Psychologischer Streifzug durch die germanische Mythologie, Stendel, Waiblingen, 1993, 334 p.
► Detlev Baumann, Antaïos.
Retour sur une polémique
• Avertissement : Le registre polémique, parfois plaisant pour bousculer une idéologie dominante, peut tout aussi bien lui complaire sous forme de terrorisme intellectuel, d'autant plus que le scandale facile, usant et abusant de la décontextualisation et de la technique d'amalgame, fait vendre (du papier). Ce registre est généralement d'un très faible gain d'intelligibilité sur le plan épistémologique des sciences humaines, d'autant plus quand il est le fruit de manieurs d'idées (rares sont ceux ayant le talent et la pertinence de Sokal).
La rumeur d'un Jung antisémite culturel (grevée par la suite d'accusations de sympathisant nazi) était déjà vive lors de la création de l'Association psychanalytique internationale à Nüremberg en 1910, sur fond de rivalité d'école entre Viennois et Zurichois (surnommés par dérision les “Gentils”). Si Freud reste au-dessus de ces querelles et même ouvert aux analyses critiques de Jung, il va de plus en plus se distancier de son disciple, notamment en raison de sa tendance spiritualisante. C'est cette dernière qui est surtout visée dans certains débats récents. Moins d'ailleurs sur un plan biographique (il est difficile de suivre Richard Noll qui, dans Jung, “le Christ aryen” : Les secrets d'une vie [1999], soutint que Jung aurait créé dès 1916 un culte sectaire dont l'association du Club Psychologique de Zurich aurait servi de paravent, thèse réfutée par S. Shamdasani dans Cult Fictions : CG Jung and the Founding of Analytical Psychology comme le souligne Sarah Chiche) qu'en raison de la captation du corpus jungien par la tendance New Age :
- « L’impact de la pensée de Jung sur la dynamique d’émergence du New Age est en effet fondamental. Pour le New Age, la psychologie jungienne constitue, à la fois, un pôle d’identification culturelle, un pôle de légitimation scientifique et institutionnelle. Et le New Age a participé activement à la destruction du freudisme aux États-Unis, à la suite du jungisme. (…) L’archétypologie néo-platonicienne de Jung — avec, au centre du dispositif, la figure (védantique) du “Soi” et le “processus d’individuation” — est en effet une donnée majeure des idéologies politico-religieuses du New Age. Pour Jung, à la différence de Freud, le but de l’analyse doit viser une sorte de “réalisation de la conscience” et non plus seulement un objectif consistant à “rendre inoffensif” le refoulé — comme disait Freud, il est vrai très pessimiste. Jung a supposé que le processus d’“expansion de la conscience” permettrait à l’individu d’intégrer une part toujours plus importante de “l’être universel” contenu dans “l’inconscient collectif”. Chez Jung est déjà présente cette visée d’intégration individuelle comme dépassement, ouverture sur des “représentations collectives” — objectif typiquement New Age, postulant l’innéité des valeurs sociales (Maslow, Fromm), la société comme “seconde nature de l’homme” (Hegel). Parvenu au terme de sa quête, au terme du “processus d’individuation”, l’être réalisé, individué, peut agir dans le monde à partir du “Soi” et non plus seulement à partir du psychisme personnel. Jung définit le Soi comme l’espace, le point focal de la psyché où “l’Esprit surconscient” (Dieu) se manifeste. L’accès à “l’inconscient collectif” — “… un immense réservoir de savoir ancien concernant les relations entre Dieu, les hommes et l’univers” — oriente la thérapie jungienne. Thérapie consistant à mettre en relation le conscient et ce savoir ancestral pour permettre au patient de conférer une signification à sa propre existence et, partant, assurer son intégration sociale. Jung apparaît clairement situé sur l’axe intégriste du christianisme. Résurgence de joachimisme (“Théorie des Trois Âges”, néo-platonisme), rémanence d’une philosophie de l’Esprit signalant une remontée du pôle apocalyptique primitif : “l’avènement du règne de l’esprit comme ultime figure de la liberté” chez des êtres surhumains (J.P. Sironneau). (…) Il s’agit d’une radicalisation de la conscience chrétienne — de l’unité primitive à l’intégration parfaite dans une synthèse supérieure d’évolution en passant par la chute dans l’individualisme et par la rédemption grâce à “l’individuation” (involution et évolution). Nous sommes au cœur d’une philosophie millénariste, théologie de l’Histoire » (Luc Mazenc).
Or cette tendance, qui peut certes dériver vers une forme parodique — une « fausse spiritualité » ira jusqu'à dire René Guénon —, a également été “suspectée” de servir d'apologie d'un inconscient racial, cautionnant par extension illégitime une reductio ad hitlerum (« Carl Gustav Jung, De l’archétype au nazisme : dérives d’une psychologie de la différence », É. Roudinesco, L’Infini n°63, 1998). Il n'en reste pas moins que, sur un plan biographique comme épistémique, Jung n'a jamais cherché qu'à défendre le domaine thérapeutique et ceux qui le servent :- « En 1936, en effet, et une fois le pouvoir nazi en place, la Société médicale générale de psychothérapie devint l'Institut Göring, fer de lance de la Neue Deutsch Seelenheilkunde, la nouvelle science psychothérapeutique officielle du régime. Dès lors, Jung refuse d'y adhérer mais Göring tente de le convaincre et y parvient, faisant croire au reste de la communauté qu'il approuve son rôle. En 1936, Jung donne donc sa démission mais, peu après, une manœuvre de Göring le fait revenir à la tête de la Société. Afin de se blanchir, Jung décide de publier ce qui est son essai le plus controversé : Wotan. Le dieu païen de la mythologie allemande Wotan représente selon lui Adolf Hitler qui déverse son agressivité sur le monde. Une rumeur non confirmée laisserait entendre que Jung aurait acheminé de l'argent pour que Freud puisse se réfugier à Londres, via l'entremise de Franz Riklin. Jung apprenant que Freud est en sécurité lui aurait envoyé un télégramme de sympathie. En 1939, Jung est reconduit dans sa fonction de l'Institut Göring. En effet Jung, bien que président de la Société médicale générale de psychothérapie est aussi en exil. Dès la nuit de Cristal, le 9 novembre 1938, Jung use de son influence sur les services suisses de l'immigration, subvenant aux besoins financiers, pour faire sortir d'Allemagne des intellectuels juifs. C'est ainsi qu'il permet l'exil du Français Roland Cahen qui le traduira en français et de son amie Jolande Jacobi » (site Mémo)
- « Bien qu’il soit tentant de voir l’histoire comme un sous-produit des idées et des actions d’individus puissants et charismatiques, G. Cocks soutient ici que le contexte historique des attitudes de Jung doit être pleinement compris avant de porter un jugement sur ses dires et sur ses actes. Les théories de Jung, affirme-t-il, étaient quelque peu ouvertes à certains principes du mouvement nazi, y compris son antisémitisme, et ne se sont donc pas vues réserver le même traitement discriminatoire que celles de Freud. Quoique cette reconnaissance n’ait probablement pas déplu à Jung, il ne l’a nullement recherchée. Jung chercha à utiliser l’influence accrue de sa popularité pour protéger le mouvement psychothérapique en Allemagne et même pour protéger ses praticiens juifs. Mais, en dernière analyse, l’implication de Jung avec les psychothérapeutes en Allemagne entre 1933 et 1940 soulève également les questions importantes du préjugé culturel aussi bien que des rôles sociaux et des devoirs moraux des intellectuels et des professionnels » (Paul Roazen).
Si son interprétation de la vie psychique présente tout comme chez Freud un caractère construit (critiquable voire révisable), elle n'en garde pas moins comme principal champ d'application la question de soins au nom d'une déontologie et d'un sens de la dignité : « Jung n'a cessé de défendre la conscience individuelle contre l'emprise des mouvements de masse, quels qu'ils soient. La psychologie de Jung est, en effet, tout entière centrée sur le développement de l'individu en quête de sa totalité, “l'individuation”, étant bien entendu que plus un être devient conscient et présent à lui-même, plus il est aussi présent à autrui et au monde. La quête du Graal et la transformation alchimique sont des symboles traditionnels de ce processus » (Francine Saint René Taillandier-Perrot).Quand la “political correctness” veut “javéliser” Carl Gustav Jung…
Une polémique stérile fait rage chez les Post-Freudiens pour acquitter Jung des ridicules accusations d’antisémitisme qui ont été portées contre lui…
Le temps est venu des grands nettoyages, ceux de fin de millénaire. Le grand lave-linge du politically correctvoudrait bien récurer rapidement ce siècle de toutes les taches qui le maculent, un siècle qui se meurt, un siècle qui a connu des protagonistes des plus dérangeants o des plus inquiétants. Le premier d’entre eux fut Ernst Jünger, objet d'un article consternant rédigé par Sir Ralph Dahrendorf qui lui reprochait :
- 1. d'avoir le mauvais goût d'être encore en vie (à plus de cent ans) alors que nombre d'êtres d'élite, auxquels un baronnet de récente nomination comme lui n'avait rien à reprocher, sont déjà passés à l’autre vie depuis belle lurette,
- 2. d'être quelqu'un d'insensible et de dépourvu de sens moral, comme le démontre son absence de peur, son intérêt pour la mort qu'il a approché à plusieurs reprises avec un courage cynique.
Maintenant c'est au tour de Carl Gustav Jung, contre lequel on ressuscite, avec des airs de grande kermesse spéciale du printemps, l'ancienne accusation : « Jung est antisémite, parole de Freud ! ». Une accusation signée Marco Garzonio, toujours dans le Corriere della Sera. En réalité, l'article de Garzonio est moins critique qu'il n'en a l'air puisque, sans doute parce que ce Garzonio est le secrétaire d'une organisation jungienne, le CIPA (Centre Italien de Psychologie Analytique). Finalement, Garzonio arrondit les aspérités, il tient compte du contexte, bref, il s'évertue dans un habile et acrobatique exercice de ce sport typiquement italien : « ce que j’affirme ici, je le nie là ».
Polémique racialiste chez les pères de la psychanalyse
Toutefois, malgré toute sa circonspection, il rajoute du linge sale dans le programme de blanchisserie du politically correct. Car pour acquitter, du moins partiellement, notre bon vieux Jung (sous le label duquel Garzonio travaille comme analyste), il n'hésite pas à prendre en exemple le grand chef de la tribu psychanalytique, Sigmund Freud lui-même, incriminé d'avoir, en son temps, voulu investir du titre de fils héritier de la psychanalyse naissante, le dénommé Jung, justement parce qu’il était un bon et solide “Aryen”. En fin de compte, d'après Garzonio, il n'est pas si sûr que Jung ait été antisémite, bien qu'il ait aussi commis ses quelques petits pêchés (comme tout le monde à son époque). Mais ce qui est un fait acquis pour Freud, que les chevaliers du “politiquement correct” le veuillent ou non, c’est que les Juifs (comme lui) et les Aryens (comme Jung) n'étaient pas du tout de la même espèce : la race pour Freud comptait, et pas un peu !
Et alors ? Voilà qu’on propose à tous les analystes de commettre un beau parricide de concert, tous unis, freudiens et jungiens, pour fêter en toute amitié la fin de ce siècle où l’on a découvert l'inconscient. « Passons outre — suggère Garzonio — les erreurs, même graves et diverses, que les fondateurs, grands esprits mais pourtant toujours humains, ont pu commettre. Nous, freudiens et jungiens de la troisième et quatrième générations, unissons-nous et engageons-nous dans le chemin de la réconciliation ! ».
Comment se réconcilier n'est pas très évident, mis à part le projet de se libérer des pères encombrants, projet qui a toujours caractérisé les fils, surtout si ces derniers sont des esprits médiocres. Cet article, qui nous présente le freudisme des origines comme étant le résultat d'un groupe de Juifs auxquels se superposèrent les Aryens de la bande à Jung, laisse supposer un rite de réconciliation pascale entre frères à l'intérieur de la tradition hébraïco-chrétienne. Une problématique dans laquelle Garzonio excelle, en tant qu'interlocuteur préféré du cardinal Carlo Maria Montini, l'archevêque de Milan. Mais naturellement l'histoire, et même l'avenir, de la psychanalyse ne peuvent pas être réduites à des pures questions abstraites entre deux confessions différentes.
Jung : prendre en compte toutes les formes d’inconscient collectif
Depuis que Freud a crié haut et fort son projet de déblayage de la fange de l'inconscient, « Acheronia movebo », sa psychanalyse est devenue bien autre chose qu'une affaire juive. Quant au jungisme, grâce à son intuition et à sa reconnaissance du niveau collectif de l'inconscient ainsi qu’au lien fort, non sécularisé, qu’il entretient avec le sacré, il est pratiqué aujourd’hui tant par les psychiatres shintoïstes japonais que par les chefs Navajo aux États-Unis, par les médecins traditionnels, par les animistes en Afrique et par les Baba shivaltes du sous-continent indien.
Par conséquent, réduire les perspectives de la psychanalyse à une simple réconciliation entre Juifs et Chrétiens paraît franchement ridicule, même si certains analystes jungiens de la quatrième génération, en quête de renommée, y consacrent beaucoup d'énergie en faisant passer pour absolument inédite — comme le fait Garzonio — la vieille histoire d'après laquelle, dans le Club de Psychanalyse Analytique de Zurich, fondé par Jung, on a appliqué dans les années 30 et 40 une directive secrète qui limitait à 10% l'admission de membres de confession juive. Cette directive avait pour motivation et pour excuse qu’« en cas d'invasion de la Suisse par les Allemands, le Club risquait d'être dissous car considéré comme une communauté de confession juive ».
En réalité Jung, comme d'ailleurs Freud lui-même, craignait que l'analyse ne devienne une affaire propre à la communauté juive. [Ndlr : Tant Freud que Jung voulaient garder un caractère universel (et non pas universaliste) à la psychanalyse : les instituts de psychanalyse devaient compter des membres issus de toutes les communautés religieuses, des hommes et des femmes qui avaient connu des subconscients différents, modulés par des traditions diverses]. Ensuite, la directive de limiter le nombre d’analystes juifs à 10% ne fut jamais aussi secrète qu'on veut bien le faire croire : les anciens de Zurich nous l’ont toujours racontée, à chacun d’entre nous, les analystes de la troisième et quatrième générations, parfois avec un froncement de sourcil, parfois avec un pâle sourire du coin des lèvres, chargé de sous-entendus. La directive n'était pas unique en son genre non plus : le psychologue-analyste Andrew Samuels en a parlé longuement à Milan le 23 mars 1992, au cours d'une conférence publique au CIPA, l'association dont Garzonio est le secrétaire (et qui devrait donc le savoir mieux que les autres !). Andrew Samuels reprit même cette thématique dans son livre The Political Psyche (Routledge, Londres 1995). James Hillman y a répondu, voici déjà plusieurs années, entre autres dans le journal La Repubblica, sur un ton de mépris, aux insinuations contre Maître Jung.
Alors, si rien n'est interdit et tout a déjà été dit et contredit, pourquoi ressortir cette polémique ? Le cannibalisme des descendants, pressés de se partager les legs des ancêtres, n'explique pas tout, et d'ailleurs Garzonio est quelqu'un de bien trop adroit pour déraper de manière aussi théâtrale. Ce n'est pas son style. Le siècle et le millénaire sont presque à leur fin et ce n'est pas dans l'espace clos des cabinets des psychanalystes mais plutôt dans le vécu quotidien que certaines des intuitions les plus dérangeantes, achérontiques et politiquement incorrectes, des deux fondateurs des psychologies de l'inconscient trouvent leur confirmation. D'abord il y a la désillusion freudienne, mûrie dans les horreurs et les ambiguïtés de la première guerre mondiale, par les grandes puissances mondiales de race blanche qui ont perdu le droit de guider le genre humain.
L'essai de Freud Considérations actuelles sur la guerre et la mort (Studio TESI, édité par M. Bertaggia), fut le premier témoignage autocritique de l'étroitesse politique et psychologique du monde dans lequel la psychanalyse elle-même avait vu le jour. Cet ouvrage fut en même temps l'épitaphe de cette civilisation des bonnes manières que la culture politiquement correcte cherche désespérément à ranimer. Aussi bien Freud que Jung savaient, chacun à sa façon, combien l'identité, individuelle et collective, est liée à la race, à la culture et à la nation. Freud, par ex., en parlant de sa propre identité juive, fait remarquer qu'elle dérive « de nombreuses et obscures forces émotionnelles, qui sont d'autant plus puissantes au fur et à mesure qu 'il devient difficile de les exprimer de vive voix ». Et à son disciple Erikson de commenter : « Ici Freud parle d'identité dans le sens ethnique le plus évident : un profond sens de communion sociale, connu seulement de ceux qui y participent, et exprimable par des mots qui traduisent plutôt le mythe que la conception ».
Impossibilité d’analyser le monde actuel sans recours à des archétypes ethno-psychologiques
Jung développera sagement les intuitions freudiennes sur les relations entre identités, culture du groupe (ou ethnie) et inconscient. C'est dans les archétypes de l'inconscient collectif, explique Jung, que se forment les idées des groupes et des nations, sur lesquelles « ces archétypes exercent une influence directe ». Les archétypes expriment des forces et des tendances de l'identité nationale qui explosent quand la conscience collective ne les représente pas correctement.
Il est impossible de décrire plus en détail ce qui se passe dans le monde, de parler des guerres qui troublent chaque continent, des révolution que font les peuples et leurs cultures contre cette tentative de les maintenir uniquement en tant qu'entités économiques ou administratives, sous la houlette ou la férule de puissances étrangères. Mais procéder à de telles analyses ethno-psychologiques signifie, dans le langage javelisé du pouvoir de la fin du millénaire, évoquer les spectres du tribalisme.
Alors, oublions donc ces fous qui étaient nos pères ! Faites taire ces brutes ! Ou, comme le disait Goethe dans La Nuit de Walpurgis, partie de son Faust : « Et vous êtes toujours ici ! Ah, non, c'est inouï ! Allez, disparaissez ! Il y a eu les Lumières, oui ou non ? O diaboliques canailles, vous n'avez que faire des règles. Nous sommes cultivés… pourtant il y a des spectres à Tegel ».
► Claudio Risé, Nouvelles de Synergies Européennes n°40, 1999. (tr. fr. : LD)
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Jung and the Völkisch Movement
Carl Gustav Jung (1875-1961), in founding Analytical Psychology did so as a break and a contradistinction from the psychological school of his mentor Sigmund Freud. The Jungian and the Freudian stand as the contrasts between the Germanic and the Jewish world-views in the realm of psychology. Indeed it has been suggested that Freud's observations were largely derived from mainly Jewish patients. Jung commented : « … It is a quite unpardonable mistake to accept the conclusions of a Jewish psychology as generally valid ».
The Jewish spirit that infuses Freudianism has been remarked upon by others qualified to speak, both Jew and Gentile. The Jewish historian Howard Sachar considered the chief motivation of the Jewish Freudians to be, « the unconscious desire of Jews to unmask the respectability of European society which closed them out… The B'nai B'rith Lodge of Vienna for example delighted in listening to Freud air his theories » (Sachar, The Course of Modern Jewish History). Thomas Szasz, professor of psychology, State University, NY, wrote of Freud's « anti-Gentilism » as being « an important aspect of his personality and predilections ».
Collective Unconscious
Jung gave science an important contribution with his theory that there is not only an individual unconscious but also a collective unconscious, including a racial or ethnic unconscious impacting significantly upon the individual and determining his very Being and Identity. It was a scientific development and elaboration of the concept held by Germanic philosophers such as Johann Gottfried von Herder, postulating that each people, or nation, has its own « soul ».
Jung stated : « No doubt on an earlier and deeper level of psychic development, where it is still impossible to distinguish between an Aryan, Semitic, Hamitic, or Mongolian mentality, all human races have a common collective psyche. But with the beginning of racial differentiation, essential differences are developed in the collective psyche as well ».
Jung indicated what this means in practical terms, as for example when politicians and religious dogmatists try to impose a multi-racial society. Jung wrote : « For this reason we cannot transplant the spirit of a foreign race in globo into our own mentality without sensible injury to the latter, a fact which does not however deter sundry natures of feeble instinct from affecting Indian philosophy and the like ».
The Shadow
Another major contribution from Jung was his theory of individuation, or the Total Being brought into effect by integrating one's repressed unconscious into the conscious Self. To this process which is central to Jungian therapy Jung applied the German word Heilsweg, the “sacred way” of healing. On his way towards individuation one confronts the repressed unconscious or Dark side of oneSelf referred to by Jung as The Shadow Self.
In keeping with Jung's theme of the collective unconscious, not only the individual but an entire nation or ethnos possess its own unique collective “Shadow”. This is what Jung addressed to the Germanic nation when he wrote : « We cannot possibly get beyond our present level of culture unless we receive a powerful impetus from our primitive roots. But we shall receive it only if we go back behind our cultural level, thus giving the suppressed primitive man in ourselves a chance to develop. How this is to be done is a problem I have been trying to solve for years… The existing edifice is rotten. We need some new foundations. We must dig down to the primitive in us, for only out of the conflict between civilized man and the Germanic barbarian will there come what we need ; a new experience of God… »
Völkisch Movement
Jung saw the primitive or Shadow of the Germanic folk repressed by a millennium of Christian moral bondage. When what is natural to an individual or an entire folk is repressed it will out eventually in some form or another. It was Jung's concern that the Germanic Shadow be brought to consciousness with the result of a collective individuation of the whole folk. He had stated in 1919, the very year Hitler joined the newly formed German Workers Party : « As the Christian view of the world loses its authority, the more menacingly will the 'blond beast' be heard prowling about in its underground prison, ready at any moment to burst out with devastating consequences ».
Jung's desire to see the Germanic folk individuate brought him into contact with the energetic volkisch movements that had emerged during the late 19th century and were ever more determined with the humiliation of Germany and Austria following World War I. Likewise, these movements saw the compatibility of Jungian psychology with their own ideology.
One of the volkisch theorists was Jacob Hauer, founder of the Nordic Faith Movement. He became involved with Jungian conferences and associations during the 1930's. In 1934 he gave a lecture on number symbolism which had a great influence on Jung, and during the course of the same lecture Hauer used Jung's concept of the collective unconscious to suggest the existence of a racial unconscious with racial symbolism.
The year previously the National Socialists had assumed power, an Jung wrote his essay Wotan, stating that the NS Reich was summoning forth the repressed Shadow or Wotanic unconscious of Germany. In 1936 he wrote : « The depths of Wotan's character explain more of National Socialism than all the economic, political and psychological factors put together ».
With rivalry for spiritual allegiance in NS Germany between the so-called “German Christians” who had Germanized Jesus, and the pagan, anti-Christian volkisch movement, Jung expressly condemned the former and urged Germans to throw their whole support behind Hauer's movement to bring forth that « new experience of God », of Wotan. He described Hauer as « god (i.e. Wotan) possessed », and Hauer's activities as « the tragic and really heroic efforts of a conscientious scholar ».
To Jung the Old Religion was very much alive, albeit underground and waiting to resurface. He wrote : « No, memories of the old German religion have not been extinguished. They say there are greybeards in Westphalia who still know where the old images of the gods lie hidden ; on their death beds they tell their youngest grandchild, who carries the secret… In Westphalia, the former Saxony, not everything that lies buried is dead ».
In our present time, with the European soul buried beneath excessive materialism and superficiality, and the dying, putrescent vestiges of a thousand years of Judeo-Christian spiritual repression, Jung provides an insight whereby the European folk as a collectivity might find its way back to a sense of being. As that great exponent of European Being, the existentialist philosopher and supporter of National Socialism, Martin Heidegger himself has written : « The past of human existence as a whole is not a nothing, but that to which we always return when we have put down deep roots. But this return is not a passive acceptance of what has been, but its transmutation ».
► Kerry Bolton, Renaissance Press, New Zealand.
• traduction (via library.flawlesslogic) :
CG Jung et le mouvement volkisch
« L'homme est nécessaire pour illuminer l'obscurité du Créateur » (CG Jung)
Carl-Gustav Jung (1875-1961), lorsqu'il fonda la psychologie analytique, le fit en rupture et en contradiction avec l'école psychologique de son mentor Sigmund Freud. L'école jungienne et l'école freudienne reflètent l'opposition entre les visions-du-monde germanique et juive dans le domaine de la psychologie. En effet, il semble que les observations de Freud ont été faites principalement sur des patients juifs. Jung commenta : « … C'est une erreur assez impardonnable d'accepter les conclusions d'une psychologie juive comme généralement valables ».
L'esprit qui anime le Freudisme a été remarqué par d'autres observateurs qualifiés, aussi bien juifs que non-juifs. L'historien juif Howard Sachar considère que la motivation principale des Freudiens juifs est « le désir inconscient des Juifs de détruire la respectabilité de la société européenne qui les rejetait… La loge viennoise de la B'naï B'rith, par ex., se délectait en écoutant Freud exposer ses théories » (H. Sachar, Le cours de l'histoire juive moderne). Thomas Szasz, professeur de psychologie, de l'Université de l'État de New York, écrivit que « l'hostilité de Freud envers les Gentils (jeu de mot sur non-juifs et école suisse de psychanalyse) » était « un aspect important de sa personnalité et de ses prédilections ».
L'inconscient collectif
Jung apporta une importante contribution à la science avec sa théorie selon laquelle il n'existe pas seulement un inconscient individuel mais aussi un inconscient collectif, incluant un inconscient racial et ethnique, qui a un impact important et qui détermine l'Être profond et l'identité [de cette race ou de cette ethnie]. Ce fut un développement scientifique et une élaboration du concept soutenu par des philosophes allemands tels que Herder, postulant que chaque peuple, ou chaque nation, possède sa propre « âme ».
Jung affirma : « Il n'y a pas de doute qu'à un niveau antérieur et plus profond du développement psychique, où il est encore impossible de distinguer entre une mentalité aryenne, sémitique, chamitique ou mongole, toutes les races humaines ont une psyché collective commune. Mais avec le début de la différenciation raciale, des différences essentielles se sont aussi développées dans la psyché collective ».
Jung indique ce que cela signifie en termes pratiques, comme par ex. quand des politiciens et des leaders religieux essayent d'imposer une société multiraciale. Jung écrivit : « Pour cette raison, nous ne pouvons pas transplanter en bloc l'esprit d'une race étrangère dans notre propre mentalité sans dommage important pour cette dernière, un fait qui cependant ne dissuade pas les natures faibles d'être émues par la philosophie hindoue et par ce genre de choses ».
L'Ombre
Une autre contribution majeure de Jung fut sa théorie de l'individuation, c'est-à-dire de l'Être Total amené dans la réalité en intégrant son inconscient refoulé dans le Soi conscient. À ce processus qui est central dans la thérapie jungienne, Jung appliqua le mot allemand de Heilsweg, la “voie sacrée” de la guérison. Sur la route vers l'individuation, on est confronté à l'inconscient refoulé, ou Côté obscur du Soi, défini par Jung comme « l'Ombre du Soi ».
Selon le thème jungien de l'inconscient collectif, non seulement un individu mais une nation ou une ethnie entière, possède sa propre et unique « Ombre » collective. C'est ce que Jung exprima à la nation germanique lorsqu'il écrivit : « Nous ne pouvons peut-être pas aller au-delà de notre niveau actuel de nos racines primitives. Mais nous la recevrons seulement si nous retournons en arrière de notre niveau culturel, donnant ainsi à l'homme primitif refoulé en nous-mêmes une chance de se développer. Comment cela doit être fait est un problème que j'ai essayé de résoudre depuis des années… L'édifice existant est pourri. Nous avons besoin de quelques nouvelles fondations. Nous devons creuser jusqu'au primitif qui est en nous, car c'est seulement en dehors du conflit entre l'homme civilisé et le Barbare germanique que sortira alors ce dont nous avons besoin : une nouvelle expérience de Dieu… »
Le mouvement völkisch
Jung considérait que le primitif — ou Ombre — du peuple germanique était réprimé par un millénaire d'esclavage moral chrétien. Quand ce qui est naturel pour un individu ou pour un peuple entier est réprimé, il ressortira finalement sous une forme ou sous une autre. La préoccupation de Jung était que l'Ombre germanique puisse arriver à la conscience, avec pour résultat l'individuation collective de tout le peuple. Il avait déclaré en 1919, l'année même où Hitler adhéra au nouveau Parti des Travailleurs Allemands (DAP) : « Comme la vision-du-monde chrétienne perd de son autorité, la plus grande menace viendra quand on entendra rôder la 'bête blonde' dans sa prison souterraine, prête à tout moment à jaillir avec des conséquences dévastatrices ».
Le désir de Jung de voir se réaliser « l'individuation » du peuple germanique l'amena au contact des énergiques mouvements völkisch qui avaient émergé pendant la fin du XIXe siècle, et qui étaient encore plus déterminés avec l'humiliation de l'Allemagne et de l'Autriche après la Première Guerre mondiale. De la même manière, ces mouvements comprirent la compatibilité de la psychologie jungienne avec leur propre idéologie.
L'un des théoriciens völkisch était Jacob Wilhelm Hauer [1881-1962], fondateur du Mouvement de la Foi Nordique. Il s'impliqua dans des conférences et des associations jungiennes pendant les années 30. En 1934, il donna une conférence sur le symbolisme des nombres, qui avait une grande influence sur Jung, et pendant cette même conférence Hauer utilisa le concept jungien de l'inconscient collectif pour suggérer l'existence d'un inconscient racial associé à un symbolisme racial.
L'année précédente, les Nationaux-socialistes étaient arrivés au pouvoir, et Jung écrivit son célèbre essai Wotan (1936), affirmant que le Reich national-socialiste était un appel à l'Ombre refoulée, ou inconscient wotanique de l'Allemagne. Il écrivit : « Les profondeurs du caractère de Wotan expliquent mieux le National-socialisme que tous les facteurs économiques, politiques et psychologiques mis ensemble ».
Dans la querelle pour la souveraineté spirituelle sur l'Allemagne nationale-socialiste, entre les “Chrétiens allemands” qui avaient “aryanisé” Jésus, et le mouvement païen anti-chrétien, Jung condamna les premiers, et appela les Allemands à apporter tout leur appui au mouvement de Hauer pour réaliser cette « nouvelle expérience de Dieu », de Wotan. Il décrivit Hauer comme « possédé par Dieu » (c'est-à-dire par Wotan) et les activités de Hauer comme « les efforts tragiques et réellement héroïques d'un savant consciencieux ».
Pour Jung, la « Vieille Religion » [païenne] était toujours vivante, bien que souterraine et attendant de pouvoir resurgir. Il écrivit : « Non, la mémoire de la vieille religion allemande ne s'est pas éteinte. On raconte qu'il y a des barbes grises en Westphalie qui savent encore où les vieilles images des dieux sont cachées ; sur leurs lits de mort, ils l'enseignèrent à leurs plus jeunes petit-fils, qui détiennent le secret… En Westphalie, l'ancienne Saxonie, tout ce qui est enterré n'est pas mort… »
À notre époque actuelle, avec l'âme européenne étouffée par le matérialisme et la superficialité, et les reliquats moribonds et putrides d'un millénaire de répression spirituelle judéo-chrétienne, Jung apporte un éclairage grâce auquel le peuple européen en tant que collectivité pourrait retrouver son chemin vers un sens de l'existence. Comme ce grand interprète de l'Être Européen, le philosophe existentialiste [sic] et favorable au National-socialisme [re-sic], Martin Heidegger, écrivit : « Le passé de l'existence humaine pris comme un tout n'est pas un vide, mais ce à quoi nous retournons toujours quand nous avons établi de profondes racines. Mais ce retour n'est pas une acceptation passive de ce qui a été, mais sa transmutation ».
Extraits et citations :
◊ C.G. Jung, Wotan, 1936 :
« Nous devons connaître (…) les récits mythologiques qui nous viennent des époques où l'on expliquait pas encore tout par l'homme, où l'on ne ramenait pas tout à ses capacités limitées, mais où l'on trouvait les causes profondes dans les domaines de l'âme et dans ses puissances autonomes. Les premières intuitions de l'homme personnifièrent ces pouvoirs comme des dieux et les décrivirent minutieusement dans des mythes s'accordant selon les circonstances avec leurs caractères particuliers [cultures]. Cela pouvait se faire le plus facilement à l'aide des images ou types primordiaux, solidement établis, qui sont innés dans l'inconscient de nombreux peuples, et qui exercent une influence directe sur eux. Comme le comportement d'une race tire son caractère spécifique de ses images sous-jacentes, nous pouvons parler de l'archétype «Wotan» comme d'un facteur psychique autonome, qui produit des effets dans la vie collective d'un peuple et qui, précisément par cette action, révèle ainsi sa propre nature. Car Wotan possède sa propre biologie particulière, différente de la nature des individus.
Les archétypes sont précisément comme des lits de rivières, que le flot a délaissés, mais qu'il peut envahir à nouveau après une période de temps indéterminée. Un archétype est semblable à une vieille gorge encaissée, dans laquelle les flots de la vie ont longtemps coulé. Plus ils ont creusé ce lit, plus ils ont gardé cette direction et plus il est probable que tôt ou tard ils y retourneront. Si la vie de l'individu est régulée, comme dans un canal, au sein de la société humaine et en particulier dans l'État, il n'en demeure pas moins que la vie des peuples est semblable au cours d'un torrent bouillonnant que personne ne peut endiguer (…) Dès que ce n'est plus l'être [la conscience] mais la masse [l'inconscient collectif, l'Ombre] qui se meut, la régulation humaine cesse et les archétypes commencent à exercer leur influence…
… un dieu a pris possession des Allemands et leur maison est remplie d'un “vent furieux”… Peut-être pourrions-nous résumer ce phénomène général comme une Ergriffenheit — un état où l'on est “saisi” ou possédé. Le terme ne postule pas seulement un Ergriffener (celui qui est “saisi”) mais aussi un Ergreifer (celui qui saisit). Wotan est un Ergreifer des hommes, et à moins que l'on souhaite déifier Hitler — ce qui en effet est réellement arrivé — alors Wotan est réellement la seule explication (…) Les dieux sont sans aucun doute des personnifications de forces psychiques…
La chose la plus impressionnante dans le phénomène allemand est qu'un seul homme, qui à l'évidence est “possédé”, a contaminé une nation entière à une telle échelle que tout s'est mis en mouvement et a commencé à rouler…
Wotan me semble être une hypothèse d'une pertinence incomparable. En réalité il semble seulement avoir dormi au Kiffhaüser, jusqu'à ce que les corbeaux viennent se présenter au rapport de l'aube. Wotan est une qualité, un caractère fondamental de l'âme allemande, un “facteur” psychique de nature irrationnelle, un cyclone qui anéantit et balaie au loin la zone calme où règne la culture. En dépit de leur excentricité, les adorateurs de Wotan semblent avoir jugé les choses plus correctement que les adorateurs de la raison. Apparemment tout le monde a oublié que Wotan est une donnée germanique originelle, la plus authentique expression et la personnification insurpassable d'une donnée fondamentale du peuple allemand.
… le dieu des Allemands c'est Wotan et non le dieu chrétien universel ».
◊ Ron McVan :
« Jung et ses adeptes ont démontré irréfutablement que la logique, les héros et les actions du mythe survivent à l'époque moderne. La résurgence de l'ancienne pratique aryenne du Wotanisme connut son premier réveil majeur contre l'oppression chrétienne à la fin du XIXe siècle, et s'exprima par une grande variété de sociétés wotanistes-ariosophiques, guildes, religions et groupes wotanistes à travers l'Europe. Une renaissance similaire de l'Ariosophie commença à se produire aux États-Unis à la fin des années 60, et a continué à se développer à l'approche du nouveau siècle. Le professeur Jung prédit que la race aryenne entrerait bientôt dans une époque de résurgence wotanique, qui grandirait dans la conscience de son peuple, comme “un volcan éteint qui se réveille”.
(…) La mythologie apparaît aussi attractive que la vie elle-même du point de vue des obsessions et des besoins de l'individu, de la race, de l'époque. (…) Il est donc parfaitement naturel que le Wotanisme puisse exprimer la renaissance tribale en ces temps de péril pour la race blanche. L'archétype dominant fonctionne toujours mieux dans les époques de grande crise. (…) Les doctrines étrangères du christianisme furent imposées à l'Europe païenne à la pointe de l'épée, par une forte pression politique. Si le christianisme n'avait pas incorporé une grande partie des vieilles traditions aryennes, païennes, il aurait difficilement pu durer jusqu'à l'époque actuelle. Sans aucun doute, l'entreprise la plus insidieuse pour infecter les instincts naturels de l'homme aryen fut la doctrine anti-naturelle et universaliste du christianisme.
Le désir du professeur Jung était de projeter la lumière de la conscience dans l'océan insondable de l'inconscient, ce qui revient à dire dans Dieu lui-même. Jung croyait fermement qu'il était impossible que le Wotanisme puisse jamais quitter la psyché de la race blanche, mais qu'il conserverait toujours sa vitalité et son autonomie d'origine.
… À la fin de sa longue carrière, le professeur Jung arriva à la conclusion que si l'homme aryen voulait survivre en tant qu'espèce distincte, il ne devrait pas le faire par une action politique ou sociale, mais par une action spirituelle par laquelle la race blanche redécouvrira ses mythes et ses légendes. De cette manière, et seulement de cette manière, l'homme aryen préservera les racines, l'essence et la force de sa civilisation ».
◊ Jost Turner :
« L'Allemagne nationale-socialiste fut en effet une renaissance moderne du tribalisme aryen, qui cherchait à recréer une véritable communauté du peuple en vue du but déclaré de créer une humanité plus hautement évoluée. (…) Une interprétation correcte des allégories [du paganisme germanique] révèle Wotan comme une personnification de la progression de l'espèce humaine vers le niveau d'évolution le plus élevé : la divinité. (…) Comme le but ultime du National-socialisme est de créer une humanité plus évoluée, nous devons approuver le jugement du professeur Jung, selon qui le National-socialisme peut être identifié au Wotanisme. (…) Hitler était un individu hautement évolué qui avait depuis longtemps dépassé les limites étroites de l'intérêt personnel, donc mû essentiellement par une profonde conscience intérieure. Il était suffisamment évolué pour servir de canal à la puissante force psychique, inhérente à tous les Aryens, que le professeur Jung appela, à juste titre, Wotan.
(…) Le peuple allemand des années 30 était exactement adapté pour recevoir la puissance de Wotan par la voie d'un seul canal. Son état de misère matérielle facilitait le processus d'élévation de son niveau d'évolution. Aujourd'hui, dans ce monde d'égoïsme et de matérialisme, contrôlé par des forces étrangères, cela serait beaucoup plus difficile. Mais même si cela est beaucoup plus difficile, de grands changements peuvent être effectués par le pouvoir de Wotan. Pour changer ce monde dégénéré, contrôlé par l'étranger, il faudra plus qu'un seul canal puissant. Il faudra de nombreux canaux, de nombreux individus hautement évolués dans tous les domaines de la vie et dans toutes les classes sociales, pour élever le peuple jusqu'au véritable idéalisme et au retour à l'harmonie avec les lois éternelles de la Nature.
(…) Le professeur Jung étudia non seulement les mystères de l'inconscient, mais aussi la possiblité d'évolution supérieure par l'effort discipliné (peut-être le professeur Jung, étant lui-même de sang germanique, était-il aussi influencé par le Wotanisme). Il n'étudia pas seulement cela, mais il mit ses découvertes en pratique. En réponse à ceux qui se plaignaient qu'il faisait trop peu pour corriger les défauts du monde, il répondait qu'il avait compris depuis longtemps que pour changer le monde, il fallait d'abord se changer soi-même. Le professeur Jung partagea beaucoup de ses réflexions avec deux autres personnes qui avaient aussi passé un temps considérable à explorer la possibilité d'évolution par l'effort personnel : le célèbre écrivain Hermann Hesse, et le leader national-socialiste chilien Miguel Serrano ».
◊ Voici des extraits intéressants et révélateurs d'une lettre écrite par le professeur Jung à Miguel Serrano le 14 septembre 1960 :
« (…) Comme nous avons en grande partie perdu nos dieux et que la condition actuelle de notre religion n'offre pas une réponse efficace à la situation mondiale en général et à la “religion” communiste en particulier, nous sommes à peu près dans la même situation fâcheuse que l'Allemagne pré-nationale-socialiste des années 20, c'est-à-dire que nous sommes en position de prendre le risque d'une nouvelle expérience wotanique, mais cette fois à l'échelle mondiale. (…) Quand, par ex., la croyance dans le dieu Wotan disparut et que personne ne pensa plus à lui, le phénomène originellement nommé Wotan demeura ; rien ne changea sauf son nom, comme le National-socialisme l'a démontré à grande échelle. Un mouvement collectif est composé de millions d'individus, chacun d'entre eux présentant les symptômes du Wotanisme, prouvant donc qu'en réalité Wotan n'est jamais mort mais a conservé sa vitalité et son autonomie d'origine. Notre conscience s'imagine seulement qu'elle a perdu ses dieux ; en réalité, ils sont toujours là et attendent seulement des conditions différentes pour revenir en force ».
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